Tunisie. Présidentielle : Une centaine de candidats sollicitent des parrainages

 Tunisie. Présidentielle : Une centaine de candidats sollicitent des parrainages

Siège de l’ISIE

Mohamed Tlili Mansri, porte-parole de l’Instance supérieure indépendante pour les élections (ISIE), a révélé ce weekend que pas moins de 80 candidats potentiels à l’élection présidentielle ont d’ores et déjà retiré le formulaire de parrainage auprès des services de l’instance, dont le président de la République, Kaïs Saïed.

Lundi matin, une source à l’Instance indiquait que l’on s’attend à ce que ce nombre dépasse allègrement la centaine de prétendants pour la course à Carthage. Parmi ceux qui ont pu retirer leur formulaire de parrainage figurent des avocats, des magistrats, des dirigeants de partis politiques ainsi que des indépendants.

 

Un spot de candidature controversé

Vendredi soir 19 juillet, le président en exercice, Kais Saïed, mettait fin à un suspense en réalité inexistant en annonçant sa candidature en vue de se succéder à lui-même :

« J’annonce officiellement ma candidature à l’élection présidentielle du 6 octobre prochain pour poursuivre le combat dans la bataille de libération nationale ». C’est en ces termes emphatiques que Saïed annonçait qu’il briguerait un nouveau mandat à la tête du pays.

 

Parlant depuis la région de Tataouine dans le Sud tunisien, plus précisément à Borj el-Khadra, point le plus au sud du pays, il a affirmé répondre à « l’appel sacré de la patrie ». « J’appelle tous ceux qui s’apprêtent à parrainer [des candidats] à se garder de toute sorte de malversation », a-t-il insisté, le ton menaçant. « Je les appelle aussi à n’accepter aucun centime de la part de personne et s’ils le font, je ne leur pardonnerai jamais ».

Sur la toile tunisienne, on s’interroge aussitôt sur le choix plutôt étrange de ce lieu. Dans son spot sur fond de palmiers verdoyants, le chef de l’Etat connu pour être féru de symboles et de références historiques évoque un lieu auréolé de militantisme mais aussi une localité censée représenter la parcelle la plus excentrée de la Tunisie, de sorte d’évoquer l’image d’un président de chaque once du territoire.

Sauf que cette opération de communication alambiquée « coûte cher au contribuable », s’indignent lundi plusieurs personnalités et partis d’opposition dont le Courant démocratique :

« L’utilisation par le président de la République, Kais Saïed, des ressources et institutions de l’État dans le but d’annoncer sa candidature à la présidentielle n’a pas été relevée par l’ISIE, pointe du doigt Attayar… L’Instance n’a donc pas assumé ses responsabilités en ne constatant pas ces infractions », fustige le parti dans un communiqué. Une double allusion au déplacement onéreux en hélicoptère militaire et à la publication du spot sur la page officielle de la présidence de la République.

Si parmi la centaine de candidats, certains disent être confiants s’agissant de leurs chances de l’emporter étant donné l’actuel climat répressif, nombreuses sont les candidatures incrédules dont la finalité est plus subtile, oscillant entre la volonté d’exister politiquement, et le simple caprice provocateur.