Tunisie. Présidentielle : un sondage donne le président Saïed réélu avec 89,2% des voix
D’après un sondage en sortie des urnes publié dimanche soir à 20h00, le président sortant Kais Saied est donné vainqueur de l’élection présidentielle gratifié de plus de 89% des voix dès le premier tour. Un score que l’opposition qui a largement boycotté le scrutin qualifie de « bananier », mais pouvait-il en être autrement ?
Malgré la dérive autoritaire dont l’accuse l’opposition ainsi qu’une partie de la société civile, le président sortant est donc assuré de l’emporter triomphalement avec plus de 89% des suffrages, à en croire le plus grand et réputé institut de sondages Sigma Conseil dont le directeur, Hassan Zargouni, est apparu à la TV nationale pour annoncer ce chiffre prévisible, identique à celui de l’ancien dictateur Ben Ali en 2009. Pour le syndicaliste et journaliste Sabri Zeghidi, le pays n’a pas seulement renoué avec les scores du cinquième mandat de Ben Ali, « la télévision publique a également fait un bond vertigineux de 30 années en arrière ».
Qu’à cela ne tienne, le chef de l’Etat n’a pas boudé son plaisir et est aussitôt sorti prendre un bain de foule, Avenue Habib Bourguiba dans le centre-ville de la capitale, où l’y attendaient des supporters exultés aux cris de « le peuple veut Kais à nouveau ! ». Dans son QG de campagne, son frère, Naoufel Saïed, un temps disparu des médias, est réapparu sur la TV nationale en se félicitant de ce « landslide » électoral.
Saïed aura facilement écrasé le deuxième candidat, Ayachi Zammel, un industriel libéral inconnu du grand public qui n’aura au final obtenu que 6,9% des voix. Non sans un certain déni, ses supporters qui se disent floués ont tout de même tenu à fêter eux aussi « leur victoire » hier soir devant leur QG.
Le troisième, un député de la gauche panarabe Zouhair Maghzaoui, 59 ans, s’est adjugé seulement 3,9% des suffrages, selon Sigma. Il a réagi en demandant aux Tunisiens de « ne pas croire les tentatives d’intox de la part des sondeurs ».
28,8% de taux de participation
Le même soir à 19h30, on apprenait via l’autorité électorale (ISIE) que le scrutin est par ailleurs marqué par une faible participation des électeurs tunisiens, de l’ordre de 27,7% selon les premières estimations préliminaires officielles, un taux rectifié à 28,8% lundi soir. Autant dire que nous sommes loin des 45% de participation d’il y a cinq ans au premier tour de l’élection de 2019. Mais c’est paradoxalement un succès relatif par rapport au dernier scrutin en date, celui des législatives, qui n’avait drainé que 11% des électeurs dans l’indifférence générale.
Pour le président de l’ISIE, Farouk Bouasker, il s’agit par conséquent d’un taux « respectable », alors même que cela reste le taux le plus faible pour un premier tour de scrutin présidentiel depuis le renversement de Ben Ali en 2011.
Rappelons que seuls Ayachi Zammel, incarcéré, et Zouhair Maghzaoui, un faire-valoir second couteau, avaient été autorisés à affronter Kais Saied, 66 ans, sur initialement 17 postulants, écartés pour des « irrégularités » présumées. L’opposition dont les figures de proue sont en prison et les ONG tunisiennes et étrangères ont qualifié ce scrutin de « faussé » en faveur de Kais Saied. Le résultat officiel préliminaire est attendu pour ce soir.
>> Lire aussi : Point de vue. Des élections sans élection