Tunisie. Présidentielle. Résultats officiels : Kais Saïed dépasse la barre des 90%

 Tunisie. Présidentielle. Résultats officiels : Kais Saïed dépasse la barre des 90%

L’autorité électorale a officiellement annoncé le soir du lundi 7 octobre la victoire du président sortant Kais Saïed, réélu avec 90,69 % des voix, soit une bonification d’un point et demi des résultats par rapport au sondage en sortie des urnes. L’ISIE a par ailleurs révélé que le taux de participation officiel est de 28,8%, soit le plus fort taux d’abstention à une élection présidentielle depuis 2011.

Les deux autres candidats, Ayachi Zammel et Zouhair Maghzaoui ont quant à eux obtenu respectivement 7,35% et 1,97% des suffrages. En Algérie voisine, certains ironisent sur le nouvel axe le Caire – Tunis – Alger qui renoue avec les scores d’antan du siècle dernier : « Abdelmadjid Tebboune fait petit joueur avec son score rectifié à 84% ! », peut-on notamment lire sur X.

Si l’instance en charge des élections s’évertue à marteler à qui veut bien l’entendre que le scrutin s’est déroulé, dimanche 6 octobre 2024, « dans des conditions normales où aucun incident majeur n’a été enregistré », c’est omettre le processus qui a conduit à cette étape, entaché par de nombreuses latitudes dont l’invalidation de plusieurs candidatures sérieuses ainsi que le retrait des attributions électorales du Tribunal administratif, quelques jours avant l’élection.

 

Une érosion populaire limitée

Malgré tout, force est de constater que Kaïs Saïed reste une figure populaire, spécialement en zone rurale où il a consolidé ses chiffres de 2019, contrairement aux zones urbaines des grandes villes du pays où il enregistre dans certains cas un léger retrait. Il a ainsi obtenu les suffrages considérables et à a régulière d’un peu plus de 2,4 millions d’électeurs sur 9,7 millions d’inscrits, a annoncé lundi l’Instance supérieure indépendante pour les élections.

Des chiffres qui montrent surtout un énorme gap avec ses rivaux Zammel, ancien député et homme d’affaires et Zouhair Maghzaoui, secrétaire général du Mouvement Echâab. Dimanche, quelques heures après la fermeture des bureaux et centres de vote, le président de l’ISIE, Farouk Bouasker, s’est félicité du fait que les électeurs se soient rendus dans plus de 10 mille bureaux et centres de vote déployés dans 59 pays dans les quatre coins du monde « pour exercer librement leur droit à choisir la personne qu’ils jugent la plus habilitée à diriger leur pays pour le prochain quinquennat ».

Réagissant à sa victoire haut la main, Kais Saïed s’est exprimé depuis son QG en affirmant que « le peuple Tunisien a fait montre lors du scrutin de 2024 d’un sens élevé de conscience et de maturité ainsi que d’une résilience hors pair », promettant « d’œuvrer sans répit à parachever le processus de réforme dans le pays », en passant à ce qu’il appelle la phase de la reconstruction.

Dans son manifeste électoral, Saïed avait également réaffirmé son « engagement inflexible à faire face aux entraves et embûches qui freinent le développement du pays et à ne ménager aucun effort en vue de barrer la route aux saboteurs et aux corrompus et autres comploteurs », via un jargon conspirationniste à présent d’autant plus décomplexé.

« Il est grand temps de bâtir une solide économie tunisienne, d’œuvrer au renouveau des institutions de l’Etat et de mettre sur pied un arsenal législatif qui soit en mesure de permettre de relancer le rôle social de l’Etat », a-t-il aussi déclamé, partisan souverainiste affiché d’un Etat providence.

Seif Soudani