Présidentielle : nouveau calendrier, nouvelles forces en présence
Le décès d’un président en fonction bouscule le calendrier de l’ISIE, dont les nouveaux contours ne sont pas encore définitifs. En attendant l’officialisation des nouvelles dates des deux tours de la présidentielle, sur le web la promotion de nouvelles figures présidentiables n’a pas traîné…
Le conseil de l’Instance supérieure indépendante pour les élections (ISIE) a approuvé lors de sa réunion du 25 juillet le seul principe de la tenue de l’élection présidentielle de façon prématurée, ainsi que l’élaboration de son calendrier, conformément à l’article 3 de la loi organique n° 2012-23 du 20 décembre 2012, relative à l’ISIE.
La loi en question stipule qu’il appartient à cette instance supervisant les élections d’« établir, de publier et d’appliquer » le calendrier électoral conformément aux délais prévus par la Constitution et la loi électorale.
Hier dimanche, Farouk Bouasker, membre de l'ISIE, a fait savoir que le calendrier électoral est « fin prêt, approuvé et sera, bientôt, publié au JORT », sans plus de précisions, expliquant que le calendrier a été établi conformément à l’article 86 de la Constitution qui prévoit que le nouveau président de la République est élu, lors du mandat présidentiel provisoire, dans un délai de 45 à 90 jours.
Autre membre de l’Instance, Mohamed Tlili Mansri a révélé aujourd’hui lundi que l’ancien président de l’instance, le juriste Chafik Sarsar, avait demandé il y a quelques années au Parlement de réviser l’article de la Constitution concernant la vacance définitive à la présidence de la République. Or, cette demande n’a pas été prise en considération. Résultat : le délai de trois mois pour investir un nouveau chef de l’Etat est très court, même si l’ISIE se dit « prête ».
Vers une campagne éclair
La même source explique que « les délais fixés dans le calendrier établi par l’instance ont été écourtés », notamment le délai des dépôts de recours contre les candidatures ainsi que la période de la campagne électorale qui est passée de 22 à 13 jours.
Par ailleurs Bouasker a indiqué que la réunion consultative prévue demain mardi par l’ISIE avec des représentants de partis politiques a pour objectif d’informer ces derniers du nouveau calendrier et passer en revue les contraintes constitutionnelles et juridiques qui ont amené l’instance à choisir la date du 15 septembre. Il s’agira en outre d’exposer les procédures liées aux candidatures à l’élection présidentielle qui seront ouvertes du 2 au 9 août prochain.
L’élection présidentielle anticipée aura lieu le 15 septembre 2019, avait annoncé, jeudi, l’ISIE. Le conseil de l’ISIE avait pris cette décision suite au décès, le 25 juillet dernier, du président de la République, Béji Caïd Essebsi. L’élection présidentielle était prévue initialement le 17 novembre 2019.
Cette urgence d’une campagne non seulement avancée de plus de 2 mois sur le calendrier initial, mais écourtée quasiment de moitié avec 13 jours seulement, explique en partie l’émergence de nouvelles pages sponsorisées sur les réseaux sociaux extrêmement actives dans la publicité pour des figures telles que l’actuel ministre de la Défense Abdelkarim Zbidi, même si ce dernier avait jusqu’ici démenti toute candidature à la présidentielle.
Dernier ministre à s’être entretenu avec Béji Caïd Essebsi avant sa mort, et l’un derniers fidèles lieutenants ayant accompagné sa dépouille de l’hôpital militaire vers Carthage, Zbidi a néanmoins renforcé son image d’homme d’Etat, de l’Etat bourguibiste destourien d’antan, auprès de ses admirateurs.
Mais absent des sondages au jour d’aujourd’hui, quand bien même il déciderait de se présenter, l’homme originaire du Sahel aurait du mal à supplanter en si peu de temps l’avance acquise par le volontariste Nabil Karoui et sa machine médiatique, et même l’avance plus modeste de l’ex Premier ministre Mehdi Jomaa.
Plus que jamais, entre outsiders et anciens du sérail, la lutte s’annonce serrée en vue de la conquête d’une présidence de la République, une fonction qui a retrouvé du prestige à l’issue des funérailles nationales de Caïd Essebsi, signe que les Tunisiens n’ont pas encore enterré la symbolique de Carthage au profit d’un régime politique réellement mixte.