Tunisie. Présidentielle : mandat de dépôt contre Ayachi Zammel
Le parquet du tribunal de première instance de la Manouba a émis, ce mercredi matin 4 septembre, un mandat de dépôt à l’encontre du candidat à l’élection présidentielle Ayachi Zammel, à l’issue de sa garde à vue, le renvoyant ainsi devant la chambre correctionnelle, en état d’arrestation.
Fait rare en matière de comparution express, une audience a été fixée pour le lendemain 5 septembre 2024 par le tribunal de la Manouba. Pour rappel, les agents de la brigade de recherche et d’investigation de la Garde nationale de Tebourba avaient placé en garde à vue pour 48 heures, avant-hier lundi, Ayachi Zammel, après l’avoir interrogé au sujet de plaintes liées à des soupçons de falsification de parrainages en vue de la candidature à l’élection présidentielle.
25 poursuites au pénal
Dans une déclaration accordée ce matin à la presse, l’avocat et membre du comité de défense du candidat, Abdessatar Messaoudi, a confirmé que son client a fait l’objet d’un mandat de dépôt. L’avocat précise que Ayachi Zammel a été traduit en vertu de l’article 161 de la loi organique n° 2014-16 du 26 mai 2014, relative aux élections et aux référendums telle que modifiée par le décret-loi n°2022-55 du 15 septembre 2022.
Cela signifie que Ayachi Zammel encourt une peine de prison de deux à cinq ans avec une interdiction de candidature à vie. Poursuivie pour les mêmes faits, la trésorière de son parti, Siwar Bargaoui, a pourtant été relâchée par la justice pour comparaître en état de liberté.
Sur l’ensemble du territoire du pays, pas moins de 14 individus ont porté plainte après avoir découvert que d’après le service de messagerie SMS mis en place par l’instance électorale (ISIE), leurs parrainages respectifs avaient été « détournés » ou « falsifiés » et qu’elles pensaient avoir parrainé le président et candidat Kais Saïed.
« Ces personnes ont selon toute vraisemblance subi des pressions pour porter plainte », affirme maître Messaoudi qui explique que 25 plaintes distinctes en ont découlé. « On ne peut que présumer de la bonne foi d’un concitoyen qui signe un formulaire de parrainage et appose une signature, même s’ils décident arbitrairement ou à cause du climat de peur de ne pas apposer leur signature habituelle… », poursuit le juriste au sujet des signatures de certains plaignants qui affirment que l’on a signé à leur place.
S’il est condamné, l’ISIE pourrait disqualifier Ayachi Zammel, ce qui ne laisserait au président Saïed qu’un seul adversaire en lice : Zouhair Maghzaoui. Or, nous venons d’apprendre que ce dernier est également poursuivi pour ses récentes déclarations hostiles au pouvoir et à l’ISIE. De quoi laisser entrevoir le scénario surréaliste d’une élection avec un candidat unique.