Tunisie. Présidentielle : les conditions d’éligibilité contestées par une ONG

 Tunisie. Présidentielle : les conditions d’éligibilité contestées par une ONG

Houssem Hammi, membre du Forum

Le Forum des forces démocratiques a annoncé aujourd’hui mardi 23 juillet 2024 qu’il fera appel auprès du Tribunal administratif contre une décision de l’Instance supérieure indépendante pour les élections (ISIE) relative aux critères et conditions d’éligibilité à l’élection présidentielle. En cause, « des irrégularités de fond contenues dans le texte en question ».

Dans une déclaration publique, le Forum estime en outre que le décret présidentiel portant convocation des électeurs au vote intervient dans un contexte de « fermeture politique » où les conditions d’éligibilité sont « fixées sur mesure », une allusion à la publication par l’ISIE le 15 juillet dernier du règlement régissant les candidatures à l’élection présidentielle du 6 octobre prochain.

Ce dernier comporte ainsi certains amendements par rapport aux conditions d’éligibilité énoncées dans la Constitution de 2022 par l’ajout de nouveaux critères tels que l’âge fixé à 40 ans au lieu de 35 ans, la nationalité tunisienne unique, tout comme les droits civils et politiques.

Autre motif de doléances, le Forum considère dans sa déclaration que le climat électoral ne permet pas l’organisation d’élections qui répondent aux attentes des Tunisiens. Principal grief : « des conditions exagérément strictes imposées aux candidats concernant, dont notamment la question des parrainages (10 mille signatures sont nécessaires) ainsi que l’obligation pour chaque candidat de fournir « le bulletin n°3 », désignation administrative du casier judiciaire en Tunisie.

Le dépôt des candidatures à l’élection présidentielle se déroulant enfin du 29 juillet au 6 août 2024, les principales formations d’opposition ont dénoncé des délais de campagne bien trop courts.

 

Cinq femmes sur quatre-vingt huit candidats

Si l’Instance supérieure indépendante pour les élections s’attend à ce que le nombre de candidats dépasse la centaine dans le courant de la semaine, pas moins de 88 prétendants à la présidentielle ont d’ores et déjà retiré le formulaire de candidature au siège de l’ISIE. Or, plusieurs représentants de la société civile relèvent un net recul en termes de parité homme – femme, puisqu’un très faible nombre de femmes a été enregistré cette fois parmi les prétendants à Carthage.

On ne compte ainsi que cinq prétendantes à ce jour : il s’agit de Roukaya Hafi, Radhia Sedrat, Raoudha Rezgui, Fatiha Maaoued et Leïla Hammami, cette dernière candidature étant pour le moins fantaisiste car surfant sur sa proposition de rétablir la polygamie dans le pays.

Le Forum des forces démocratiques compte parmi ses membres le collectif Soumoud, l’observatoire national pour la défense de la civilité de l’État, l’association tunisienne pour la défense des libertés individuelles, l’association Femme & Leadership, le parti socialiste, le parti Al Massar, le parti Afek Tounes, le parti social-libéral et le mouvement Deraâ El Watan.