Tunisie. Présidentielle : le Tribunal administratif réinstaure la candidature de Abdellatif Mekki

 Tunisie. Présidentielle : le Tribunal administratif réinstaure la candidature de Abdellatif Mekki

Coup de théâtre dans la « course » à la présidentielle du 6 octobre prochain. Le recours déposé par le candidat Abdellatif Mekki vient en effet d’être accepté, sur la forme tout comme sur le fond, par l’assemblée générale du Tribunal administratif, dans un jugement en appel prononcé en ce mardi 27 août 2024.

Même son équipe de juristes y croyaient peu, mais le candidat Abdellatif Mekki, secrétaire général du parti « Amal wa Injaz« , revient par conséquent dans la course à la présidentielle. Rappelons que dès le lundi 19 août 2024, l’Instance supérieure indépendante pour les élections (ISIE) avait déclaré que l’ensemble des sept recours déposés contre les décisions de rejet des candidatures à l’élection présidentielle de 2024 par l’instance électorale avaient été rejetés en première instance, soit quatre rejets des recours sur la forme et trois rejets des recours sur le fond.

Décision suite à laquelle, deux appels avaient été déposés par Abdellatif Mekki et l’ancien ministre de l’Education nationale Néji Jalloul, le lendemain mardi 20 août 2024. Le recours de ce dernier a été rejeté sur la forme, également ce matin.

Les spéculations vont bon train cependant quant à la validation de ce recours. Si pour certains les magistrats de la chambre d’appel du Tribunal administratif ont fait preuve d’une surprenante indépendance par les temps qui courent dans le pays, d’autres supposent que la restauration d’une telle candidature, celle d’un islamiste modéré, pourrait avoir pour objectif de donner un semblant de crédibilité à une élection qui sans cela était « dénuée de tout enjeu sérieux », avec seulement deux candidats opposés au président Saïed candidat à sa propre réélection.

 

Impossibilité de faire campagne

Néanmoins l’ex ministre Ennahdha de la Santé, Abdellatif Mekki fait pour rappel l’objet de mesures restrictives décidées par la justice en rapport avec l’affaire du décès Jilani Dabboussi. Il est interdit d’apparition dans les médias et interdit de quitter la délégation d’El Ouardia, où se trouve son lieu de résidence. « Une assignation à résidence d’un genre nouveau », selon l’opposition, mais aussi une situation qui l’empêche de facto de faire campagne.

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D’où l’inanité de la jurisprudence du Tribunal administratif aujourd’hui : en étant entravé et reclus chez lui, seules ses équipes de campagne, certes composées d’un important nombre d’enthousiastes et de jeunes conservateurs transfuges d’Ennahdha voyant en lui une alternative, pourront ainsi faire campagne pour lui par procuration, avec des chances d’autant plus faibles d’impacter les résultats du scrutin de façon significative.

Seif Soudani