Présidentielle : la candidate Selma Elloumi éliminée à l’oral ?

 Présidentielle : la candidate Selma Elloumi éliminée à l’oral ?


C’est une quasi mise à mort médiatique à laquelle ont assisté les auditeurs de la plus grande radio nationale tunisienne le 21 août ainsi que des internautes hilares. Saisissantes, les images de la candidate à la présidentielle Selma Elloumi, incapable de citer ne serait-ce qu’en substance l’article premier de la Constitution, ont interpelé l’opinion au point d’appeler l’intéressée à se retirer de la course.



 


Elle est (ou était), avec l’autre destourienne Abir Moussi, l’une des deux seules femmes candidates parmi les 26 prétendants en lice pour la présidentielle anticipée. Mercredi, invitée par le « Midi show » de Mosaïque FM animé par le perspicace ancien PDG de la Télévision nationale Elyes Gharbi, la femme d’affaires Selma Elloumi, ex ministre du Tourisme et de l’Artisanat et ancienne directrice de cabinet du président de la République feu Béji Caïd Essebsi, a été mise en grande difficulté au moment de répondre à la question « connaissez-vous l’article 1 de la Constitution tunisienne ? ».


« Bien sûr ! » répond dans un premier temps Elloumi, avant de balbutier quelques mots confus : « la Tunisie est une république… Je ne voudrais pas écorner le texte, c’est comme du Coran… En résumé nous sommes un pays indépendant… notre régime est… le président (Caïd Essebsi, ndlr) le répétait souvent… un régime laïque… ». C’est à ce moment que le journaliste met fin au calvaire de la candidate en lui rappelant l’article en question : « La Tunisie est un État libre, indépendant et souverain, l’Islam est sa religion, l’arabe sa langue et la République son régime ».


Mais, impitoyable aux yeux de certains, l’animateur poursuit « connaissez-vous l’article 2 ? ». La candidate proteste, balbutie d’autres mots « c’est… à propos de l’égalité c’est ça..? », avant de refuser de répondre à ce qu’elle qualifie de « leçon d’oral ». Ce à quoi Gharbi rétorque que comme tout citoyen, nous sommes en droit de savoir si un futur président de la République, garant par définition de la Constitution, a un minimum de connaissance des principes généraux de ladite Constitution.


 


« Des élites déconnectées du peuple » ?


« C’est la deuxième fois en 4 jours que Selma Elloumi trouve des difficultés dans son entretien, d'abord avec Meriem Myriam Belkadhi la semaine dernière, et aujourd'hui avec Elyes Gharbi. Tout ce qu'elle avait à faire était de se préparer pendant une heure à chaque fois. Maintenant, je pense qu'elle s'est mise dans une position pré-critique », a commenté l’expert en communication Lotfi Saïbi.


Sœur du milliardaire et ancien financier de Nidaa Tounes Faouzi Elloumi, Selma Elloumi (63 ans) avait récemment réintégré ce parti, avant de fonder son propre parti Amal Tounes, suite à un conflit avec Hafedh Caïd Essebsi, reconnu par le Tribunal administratif comme représentant légal de Nidaa.


Sur les réseaux sociaux, d’aucuns ont conclu à un certain sexisme de la part de l’intervieweur. Or, ce n’est pas la première fois que dans les médias tunisiens post révolution, un politicien est piégé par de telles questions, à l’image par exemple de Jalloul Ayed, ancien ministre des Finances et actuel soutien du candidat Abdelkrim Zbidi, incapable de deviner le prix d’une baguette de pain.