Tunisie. Présidentielle : arrestation du candidat Ayachi Zammel

 Tunisie. Présidentielle : arrestation du candidat Ayachi Zammel

Ayachi Zammel

Le candidat à la présidentielle Ayachi Zammel a été interpellé ce lundi 2 septembre à l’aube et emmené au district de la Garde nationale de Tebourba, dans le gouvernorat de la Manouba. Une arrestation pour des soupçons de « falsification de parrainages », a indiqué le membre de sa campagne électorale, Mahdi Abdeljaouad.

 

L’homme fait partie des trois candidats retenus officiellement de manière préliminaire pour la présidentielle du 6 octobre prochain, dont le président en exercice Kais Saïed qui brigue un deuxième mandat, avant que l’Instance supérieure indépendante pour les élections (ISIE) ne livre sa liste définitive au plus tard le 4 septembre 2024.

La trésorière de « Âzimoun » (« Déterminés »), le parti de Ayachi Zammel, et membre de son équipe de campagne, la jeune Siwar Bargaoui, avait également été arrêtée le 19 août dernier pour présomption de falsification de certains des 10 mille parrainages nécessaires pour le compte d’Ayachi Zammel. Elle a été remise en liberté jeudi 29 août en attente d’un procès fixé au 19 septembre. Quelques heures avant son arrestation, Zammel avait annoncé qu’il était l’invité du Midi-show lundi, l’émission radio la plus écoutée dans le pays.

 

Légalisme et répression bureaucratique

Homme d’affaires et self-made man qui se prévaut d’être le produit de l’école 100% tunisienne, Zammel fait partie des rares candidatures retenues pour rappel le 10 août par l’ISIE aux côtés de Zouhair Maghzaoui, ancien député de la gauche panarabe, et du président sortant Kais Saïed accusé par ses détracteurs et l’opposition de dérive autoritaire depuis son coup de force du 25 juillet 2021 lors duquel il s’est octroyé les pleins pouvoirs.

Mais à la surprise générale, le Tribunal administratif a tour à tour accepté en appel les recours de trois candidats : Abdellatif Mekki, Mondher Zenaïdi, et Imed Daïmi, dont les dossiers avaient été rejetés le 10 août par l’autorité électorale. Or, celle-ci affirme via son président, le magistrat Farouk Bouasker, qu’elle doit encore statuer pour valider et communiquer la liste définitive en ce début de semaine.

Le 10 août, l’instance avait disqualifié 13 autres candidats, arguant d’un nombre de parrainages insuffisant, d’un manque de garanties financières ou encore de critères de nationalité non respectés. Des rejets confirmés dans un premier temps par le Tribunal administratif, avant que la plus haute chambre de ce dernier, constituée de 27 juges, ne réintègre en appel trois candidatures considérées comme sérieuses en vue de la course à la présidentielle. Depuis, un bras de fer se profile, l’ISIE ayant récusé quatre juges administratifs jugés « proches de l’opposition ». Des liens présumés révélés ce weekend par des sources proches du pouvoir.

Le 20 août, l’ONG Human Rights Watch avait critiqué le processus de sélection des candidats, estimant qu’« au moins huit candidats potentiels avaient été poursuivis en justice, condamnés ou emprisonnés » et, de facto, « empêchés de se présenter ». D’autres prétendants au poste se sont plaints d’avoir été entravés pour obtenir divers documents administratifs.