Tunisie. Présidentielle 2024 : Swagg Man se déclare candidat

 Tunisie. Présidentielle 2024 : Swagg Man se déclare candidat

Aussitôt le silence électoral des élections législatives rompu, un premier sondage des intentions de vote à la présidentielle vient d’être réalisé par l’institut Sigma Conseil, publié hier samedi 4 février. La Tunisie que donnent à voir ses résultats montre un visage pour le moins surprenant, résolument différent de sentiers battus de la politique, à l’image de la très sérieuse candidature du rappeur Swagg man, qui nous a livré à cette occasion une déclaration exclusive.     

Premier enseignement de ce baromètre politique révélé par Hassen Zargouni, le président de la République Kais Saied demeure relativement populaire avec 49% des intentions de vote si une élection présidentielle venait à être organisée demain. S’il conserve une confortable première place, le chef de l’Etat voit cependant sa cote considérablement s’éroder à l’exercice du pouvoir en perdant une quarantaine de points par rapport à août 2021 où il flirtait avec les 80 à 90% d’approbation générale. Sans doute l’effet d’une gestion économique du pays jugée catastrophique par l’opposition et une grande partie de l’opinion publique témoin de la dégradation sans précédent du pouvoir d’achat des Tunisiens.

En embuscade, l’ancien député, éditorialiste et auteur Safi Saïd, crédité quant à lui de 10,5%. Même s’il se défend notamment dans ses brûlots et ses déclarations publiques de toute proximité politique avec Kais Saïed pour qui il voue une grande inimitié, certains politologues classent néanmoins les deux hommes dans la même grande famille du populisme nationaliste panarabe.

 

« Las du système, certains jeunes rêvent d’un affrontement K2Rhym VS Swagg man »

Mais la grande surprise de ce sondage c’est le rappeur K2Rym directement propulsé en 3ème position, volant la vedette à la présidente du PDL (bourguibisme) Abir Moussi, avec 5,9% des voix. Comme l’homme d’affaires Nabil Karoui qui s’était hissé en 2019 au second tour face à Saïed, ce personnage haut en couleurs, ex gendre de l’ancien dictateur Ben Ali, pratique lui aussi le charity business à coup d’opérations com’ auprès des plus démunis, et affiche sans complexes sa fortune ostentatoire.

Dès le 15 janvier, l’activiste politique Adnane Belhadjamor s’était indigné de la présence du personnage dans le top 5, citant un autre sondage. Loin de reculer, voilà que Karim Gharbi, alias K2Rhym, progresse et s’installe dorénavant dans le top 3, ce qui fera couler beaucoup d’encre.

Plus classiques, les noms de Moncef Marzouki, Fadhel Abdelkefi et Néji Jalloul sont également cités.

Toujours samedi, c’est le non moins sulfureux artiste Swagg man qui vient cette fois jouer les trouble-fêtes, en annonçant officiellement sa candidature. Interrogé sur cette précampagne qui commence très tôt, le rappeur nous a confié depuis Paris : « J’ai vécu une terrible épreuve en Tunisie, être incarcéré à tort, suite à quoi j’ai obtenu un non-lieu. Je me présente à cette élection pour avoir subi cette injustice dans ma chair. Nul autre candidat n’a connu cet enfer de l’injustice de notre système judiciaire. C’est ce qui me motive pour vouloir réformer ce pays qui me reste cher malgré tout ».

 

« Déçus par le système en place dans lequel ils intègrent désormais Kais Saïed, tous les jeunes de mon entourage rêvent d’un affrontement K2Rhym VS Swagg man où ils tendraient à voter pour ce dernier si sa candidature venait à se concrétiser », affirme sans broncher une mère de famille dans les heures qui ont suivi cette candidature subversive prise au sérieux par les plus jeunes, mais pas uniquement, puisqu’elle recueille des milliers de likes sur les réseaux sociaux.

En théorie à une vingtaine de mois du scrutin présidentiel, tous les regards se tournent déjà vers Carthage, tant les Tunisiens savent que le Palais n’a jamais cessé d’être l’épicentre du pouvoir dans le pays, surtout que le nouveau Parlement récemment élu a perdu la majorité de ses prérogatives.