Tunisie. Présidentielle 2024 : Dépôts de dossiers à partir du 29 juillet
C’est à partir d’aujourd’hui lundi 29 juillet que les candidats à l’élection présidentielle du 6 octobre 2024 sont invités à déposer leurs dossiers de candidature respectifs. Un dépôt des dossiers qui se poursuivra jusqu’au 6 août. Un « processus expéditif et bâclé » pour l’opposition.
Les candidats ou bien leurs représentants légaux dûment mandatés devront donc déposer directement leurs dossiers au siège central de l’Instance supérieure indépendante pour les élections (ISIE), dans la capitale Tunis, de 08h00 à 18h00 durant cette fenêtre période. Une légalisation attestant l’authenticité des signatures par les autorités administratives compétentes devra également figurer sur les documents remis à l’Instance.
Afin de se porter candidat à la présidence de la République, un certain nombre de conditions sont requises : il faut d’abord être de nationalité tunisienne, n’ayant pas de double nationalité, né de père et de mère tunisiens, de grands-parents paternels et maternels tunisiens, et ce sans discontinuité de filiation. Le candidat doit être de religion musulmane et âgé de 40 ans au moins à la date du dépôt de candidature, « une condition inique » selon les rares trentenaires qui aspiraient à être candidats dont l’inénarrable Olfa Hamdi.
Le casier judiciaire, gros point de litige
Les candidats doivent par ailleurs jouir de tous ses droits civils et politiques et « ne pas avoir exercé la fonction de président de la République pendant deux mandats successifs complets ou non successifs », mais aussi, et c’est là un point contentieux, pas être frappé d’une peine d’inéligibilité faisant suite à une décision pénale ou encore de la perte de la qualité d’électeur.
Or, cette exigence nécessite un extrait de casier judiciaire récent (Bulletin n°3) : « la plupart des candidats rencontrent de grandes difficultés à obtenir ce fameux document auprès des autorités dans les délais légaux, une bureaucratie incompréhensible puisque l’ISIE elle-même pourrait se contenter d’un reçu de demande sur la base duquel un organisme étatique peut vérifier en interne la conformité du bulletin », dénonce un candidat. Un reçu de dépôt de garantie de dix mille dinars auprès du Trésor public est aussi requis.
Concernant les parrainages, chaque candidat devra présenter le parrainage de 10 députés de l’Assemblée des représentants du peuple (ARP) ou membres du Conseil national des régions et des districts (CNRD), ou celui de 40 présidents élus de collectivités locales, ou encore celui de 10.000 électeurs inscrits au registre électoral sur 10 circonscriptions comportant au moins 500 électeurs chacune, cette dernière option étant la plus pratiquée mais aussi la plus contraignante et irréaliste en si peu de temps.
Le dossier de candidature doit en outre être présenté en double exemplaire et inclure le nom complet de la personne qui déposera le dossier, sa qualité, le nom complet du candidat, sa date et son lieu de naissance, sa profession, sa religion, son adresse, son adresse email, son numéro de carte d’identité nationale ou de passeport, son numéro de téléphone et les coordonnées du candidat et de son représentant.
Une signature légalisée doit figurer sur la déclaration sur l’honneur au cas où le dossier n’est pas déposé par le candidat en personne. Pour les candidats appartenant à des partis politiques, l’Instance des élections exige que la déclaration de candidature doit porter la signature du représentant juridique du parti avec ses coordonnées de contact.
L’ISIE demande enfin que le candidat fournisse une liste de ses parrains en version papier et en version électronique, incluant le nom complet du parrain, sa qualité, la circonscription électorale à laquelle il appartient, le numéro et la date d’émission de sa carte d’identité nationale ainsi que le nom et prénom de sa mère. La version papier doit être comporter la signature des parrains. Elle doit aussi comporter la signature légalisée au cas où les parrains sont des membres et présidents de conseils élus.
Autant dire que face à une telle bureaucratie « calquée sur le modèle français d’autrefois » selon le candidat Hichem Meddeb, même pour les plus déterminés de la centaine de candidats à ce jour, leur nombre est appelé à rétrécir comme peau de chagrin d’ici le 6 août prochain.