Pour la première fois de son histoire : Tunisair suspend l’ensemble de ses vols
Suspendus pendant de longues heures, les vols Tunisair ont progressivement repris aujourd’hui jeudi, sans cependant revenir à la normale, et ce après une interruption de plusieurs heures en raison d’un « conflit interne entre deux corps de métier », selon la compagnie aérienne contactée par Le Courrier de l’Atlas. En réalité un euphémisme pour décrire une bagarre qui a dégénéré. Un précédent aussi rare que dangereux. Explications.
« Toutefois, des perturbations seront encore enregistrées au niveau des horaires de vols, dans l’attente de la résolution définitive du problème », a fait savoir Tunisair, soulignant qu’une série de mesures sévères temporaires ont été prises suite à des négociations menées avec les partis syndicales, « en attendant les résultats de l’enquête administrative », ordonnée dans ce sens.
A la mi-journée, stupeur et chaos aussi bien dans l’aéroport Tunis-Carthage que sur les réseaux sociaux, où l’on a spéculé sur l’éventualité d’un attentat : Tunisair avait en effet annoncé l’arrêt de tous ses vols « jusqu’à nouvel ordre », sans préciser les raisons dans un premier temps : un désaccord entre deux corps professionnels au sein de la compagnie.
Le transporteur national a opté pour cette rarissime décision d’urgence afin « de préserver la sécurité de la clientèle et de la flotte ». Ainsi, la compagnie fut obligée pour la première fois depuis les évènements de la révolution, d’arrêter ses vols non pas partiellement cette fois mais totalement, en raison d’un conflit interne entre l’équipage de ses appareils et les techniciens d’entretien des avions.
Une première alerte en février
Le 17 février dernier, Tunisair s’était déjà contentée d’annoncer de simples « perturbations » dans les vols suite à une tension sociale au sein des mêmes corps de métier à l’Aéroport de Tunis-Carthage. Le département de tutelle s’était alors engagé à « sévir contre tous ceux qui sont impliqués » dans ce qu’il a considéré comme « une crise fabriquée de toutes pièces » qui a entravé les activités de la compagnie.
« Des sanctions seront prises à l’encontre de toute personne impliquée dans le blocage des vols de la compagnie », a affirmé aujourd’hui le ministre du transport Anis Ghdira en se rendant jeudi matin à l’aéroport. Ajoutant que « le désordre est dorénavant, inadmissible » et que « le prestige de l’Etat tunisien et la primauté de la loi nécessitent une intervention ferme contre toutes les formes d’anarchie ».
D’aucune spéculent néanmoins que « la fabrication de la crise » serait une tactique délibéré pour créer un climat anxiogène préparant la privatisation de Tunisiair, régulièrement mise sur la table… A peine arrivé, le nouveau PDG de la compagnie Ilyes Mnakbi, qui a succédé à la contestée Sarra Rejeb en décembre dernier, fait face à un défi social d’une ampleur inédite.
Seif Soudani