Pour l’UGTT, une nouvelle hausse des prix à la consommation est « une ligne rouge »

 Pour l’UGTT, une nouvelle hausse des prix à la consommation est « une ligne rouge »

Noureddine Taboubi


Les récentes hausses de prix, début juillet, des prix du carburant et du tabac, mais aussi de certains produits d’alimentation de base, ont pris de court les partenaires sociaux du pacte de Carthage. Selon une répartition des rôles bien huilée, les dirigeants de la centrale syndicale tunisienne montent au créneau pour menacer le gouvernement Chahed. 


« Toute augmentation dans les prix des produits de base ou du transport est une ligne rouge qu'il ne faut pas dépasser », assure aujourd’hui Noureddine Taboubi, secrétaire général de l’UGTT. Une déclaration qui fait suite aux annonces du ministre du Développement et de l'investissement Fadhel Abdelkefi, qui évoquait dans plusieurs médias en sa qualité de ministre des Finances par intérim la possibilité de l'augmentation des prix des produits alimentaires dans la période à venir.


En clair, le gouvernement prépare les esprits à une vaste répercussion de l’installation de l’euro à un niveau record de 2,8dt, au moment même où cette dépréciation de la monnaie tunisienne était censée favoriser la consommation de produits locaux moins onéreux à l’achat.


Se voulant rassurant, Taboubi s’est livré à une spéculation en affirmant le 5 juillet qu’il n’y aura pas, a priori, une augmentation dans les prix des produits alimentaires de base. « Un vœu pieux ! », rétorquent d’autres syndicalistes.


Le secrétaire général de l’UGTT avait en effet exprimé sa surprise suite à l’augmentation inexpliquée des prix du carburant, alors que voix appelaient au contraire à indexer ces prix su la baisse du prix du baril à l’international. Taboubi a précisé à ce titre qu’en marge d’une conférence nationale sur l’économie solidaire qu’il a rencontré le chef du gouvernement et qu’il a déploré cette augmentation « qui touche au pouvoir d’achat des employés et des PME ».


Le secrétaire général adjoint de l’UGTT, Bouali Mbarki, a déclaré pour sa part aujourd’hui que l’UGTT avait averti le gouvernement auparavant contre la hausse des prix des hydrocarbures. « Un avertissement que le gouvernement n’a pas pris en considération », a-t-il regretté. « Le gouvernement en a décidé ainsi mais malheureusement, il ne nous a pas avertis. Il fallait en discuter avec nous vu qu’on est là pour défendre l’intérêt du pays ». « Le gouvernement a rompu notre accord et l’a décrédibilisé. Si une hausse des matières premières sera déclarée, il est possible que l’UGTT quitte l’accord de Carthage » a-t-il menacé.


Mbarki a par ailleurs réitéré la position de l’UGTT concernant la possibilité d’un remaniement ministériel estival : « ce qui intéresse l’UGTT, ce sont les ministères qui ont un rapport avec les questions sociales. S’agissant ce dossier précis, nous aurons notre mot à dire », renchérit le secrétaire adjoint.


Déçu, il a notamment appelé le pouvoir à « relire l’histoire et la géographie, pour connaitre les travaux de l’UGTT dans le pays ». Une façon d’inviter le gouvernement Chahed à prendre au sérieux le rôle historique de la centrale syndicale.


Le 20 juillet 2017, Youssef Chahed est attendu à l’Assemblée pour la première séance de questions au gouvernement depuis l’entame de la guerre de l’exécutif contre la corruption.


 


S.S