Polémique autour du protocole présidentiel
En marge des festivités de la 59ème célébration de la fête des forces de sécurité intérieure, se tenait comme le veut la tradition une cérémonie de décoration et de promotion d’officiers et agents de divers corps des forces armées. Quatre jours plus tard, le 22 avril, la présidence de la République organisait sa propre cérémonie destinée à décorer les cadres de la sûreté présidentielle et de protection des personnalités. Le salut militaire effectué devant le chef de cabinet du président fait depuis polémique.
Première entorse à la coutume, l’absence remarquée du président de la République censé décorer lui-même sa garde rapprochée appartenant au corps d’élite des forces armées, sans que le Palais de Carthage ne s’en explique.
C’est donc Ridha Belhaj, le chef du cabinet présidentiel, qui remplaçait Béji Caïd Essebsi dans cet exercice. Déboussolés, pas briefés ou ayant reçu des instructions en ce sens, les officiers en uniforme et en civil vont un à un effectuer le salut militaire devant Belhaj…
« Scandaleux », « prestige de l’Etat bafoué », ou encore « vers la militarisation du régime », commente-t-on sur la toile et sur la page officielle de la présidence de la République où les réactions indignées se multiplient.
Selon les plus puristes en la matière, « le salut de ces fonctionnaires ou de tout autre civil qui le désire est de se mettre au garde-à-vous et de donner un léger coup de menton vers le haut. Ce type de salut étant décrit dans le règlement militaire peut être considéré comme étant des saluts militaires ».
Il semble que dans le cas de l’espèce, le protocole observé par la garde présidentielle consiste à considérer le chef de cabinet comme le représentant officiel en l’occurrence du président de la République, sans que cela ne clôt le débat protocolaire d’un salut de ce type effectué face à un conseiller civil, quel qu’en soit le rang.
Juriste de formation, virtuel numéro 2 à Carthage, Ridha Belhaj serait selon les informations distillées par l’entourage présidentiel en froid avec l’autre homme fort du Palais, Mohsen Marzouk, conseiller politique avec également un rang de ministre. La prestation de mercredi a de facto l’effet d’une réaffirmation des prérogatives de Belhaj, mais au prix d’une controverse qui fera date, au moment où le contexte sécuritaire pousse certains analystes à faire de plus en plus de parallèles avec l’Egypte voisine.
Même si la Tunisie est loin d’une militarisation de l’Etat, le projet de loi sur la protection des forces armées inquiète la société civile. Pendant ce temps-là, l’ancien chef de la sécurité présidentielle du dictateur en fuite Ben Ali, Ali Seriati, présidait mercredi un « conseil sécuritaire consultatif » en partenariat avec le principal syndicat des forces de l’ordre.
S.S