Polémique autour de la réforme du code électoral

 Polémique autour de la réforme du code électoral


Séance houleuse au Parlement. Essentiellement à l’initiative d’Ennahdha, des députés demandent un amendement de la loi électorale, avec comme mesure clé l’augmentation du seuil électoral à 5%. Un amendement censé limiter à l’avenir les chances d’un paysage parlementaire éclaté, mais qui favorise clairement les grandes formation politiques. 




Répondant à Abir Moussi, Mohamed Affes (bloc Karama) a justifié le fait de qualifier la députée de « mécréante », ce qui n’a pas manqué de provoquer un tollé dans l’hémicycle 


 


L’actuelle coalition gouvernementale étant davantage « technique » que politique ou idéologique, il n’est pas surprenant de voir que certaines de ses composantes, à l’image de Tahya Tounes, soient opposées au projet de loi.  


Ainsi le député Mabrouk Korchid estime que « focaliser sur le seuil électoral et considérer qu’il est à l’origine de la fragmentation de l’hémicycle est une tromperie ». Selon lui le morcellement du Parlement ne résulte pas seulement de la loi électorale mais de plusieurs autres facteurs dont l’absence de partis porteurs de projets et capables de gouverner ».


La même loi électorale, ajoute-t-il, a donné la majorité au mouvement Ennahdha dans l’Assemblée constituante, en 2011, et à Nidaa Tounes en 2014, et elle est à l’origine de la fragmentation de l’hémicycle en 2019, « qui correspond à la volonté des électeurs ».


 


Conflit d’intérêts ?


Pour Korchid, porter le seuil électoral à 5% sert les intérêts des « grands partis ». D’où l’importance, suggère-t-il, d’élaborer ce nouveau code électoral. Or, la loi électorale ne pouvant, à elle seule, résoudre les problèmes politiques, argumente l’élu, pour tenter de dissuader ses alliés notamment d’Ennahdha de la priorité absolue de ce vote pour lequel ils font le forcing en ce début de législature.


Adnen Ben Brahim (bloc démocratique) a pour sa part fait observer que l’augmentation du seuil électoral vise en réalité à « rétablir l’ancien système par des mécanismes démocratiques », de sorte de réinstaurer des « partis-Etat ».


Pour Fayçal Tebini, « les mêmes qui ont tenté en 2019 d’exclure de la course le parti de Nabil Karoui recourent aujourd’hui aux mêmes procédés autocratiques ».  


La présidente du bloc d’opposition du Parti destourien libre (PDL) Abir Moussi a appelé à se focaliser plutôt sur la révision des questions relatives au financement des partis politiques par des entités étrangères, tout en rappelant l’abandon de la loi interdisant « le tourisme partisan », une tradition du « mercato parlementaire » où des députés changent de partis à leur guise en cours de législature.