Polémique autour d’un communiqué de la LTDH favorable à Damas

 Polémique autour d’un communiqué de la LTDH favorable à Damas


Le 24 juillet 2017, la Ligue tunisienne des droits de l’Homme publiait un communiqué controversé regrettant l’échec du vote au Parlement sur le rétablissement des relations diplomatiques avec la Syrie de Bachar al Assad. L’ancien président Marzouki a exprimé hier soir mardi sa vive indignation d’une LTDH « qui ne le représente plus ».


Après l’UGTT, c’est donc au tour de la prestigieuse LTDH de produire un communiqué, affublé des insignes du Nobel de la paix dont elle fut décorée en 2015, un texte dont on pourrait penser qu’il est digne d’un site d’info satirique, tant son contenu peut paraître absurde, du moins surréaliste au regard de la saisissante contradiction avec les valeurs universelles.


Ainsi après y avoir exprimé son « plus profond regret » de l’échec du vote pour la pétition parlementaire en vue du rétablissement des relations diplomatiques avec Damas, la LTDH s’attaque dans le point 2 de son communiqué au « manque de patriotisme (sic) » de certains députés : « C’est en soi la preuve qu’il existe encore des élus qui privilégient leur credo sur la nation ». Une rhétorique nationaliste peu commune dans les ligues des droits de l’homme généralement opposées aux nationalismes quels qu’ils soient.


La LTDH demande solennellement ensuite à l’actuel président de la République de « corriger la faute politique » de son prédécesseur qui avait rompu ces relations, avant de finir par un paragraphe consacré à la primauté de la « souveraineté du peuple syrien », un peuple pourtant sous une implacable dictature baathiste depuis des décennies, chose qu’omet ledit communiqué.


 


Stupeur de Marzouki


L’ancien président de la République mais aussi ancien opposant président de la LTDH de 1989 à 1994, du temps de l’ex régime de Ben Ali, a aussitôt réagi sur sa page officielle.


« J’ai dû relire deux fois le communiqué de la LTDH qui demande le rejet de la décision de l’Assemblée et le rétablissement des relations diplomatiques avec la Syrie », déclare-t-il, incrédule.


« Ces personnes ne se soucient visiblement pas des 13 mille exécutions effectuées hors du cadre de la loi, des centaines de milliers de morts ou encore des 5 million de déplacés ! » poursuit-il, fustigeant le fait que la responsabilité de cette guerre fratricide soit imputée aux seuls Qatar, Turquie et Daech, et non au dictateur syrien, et ce par des dirigeants de la LTDH « se réclamant de la démocratie, de l’antisionisme et des droits de l’Homme ».


« Je récuse tout lien avec la ligue qui a publié ce communiqué et ne me considère plus dorénavant comme son président d’honneur » conclue Marzouki.


 



Réaction sur les réseaux sociaux


Le 6 mai dernier, l'ancien président de la LTDH Abdessattar Ben Moussa, lauréat du Nobel au nom de l'organisation, avait tiré sa révérence à l'issue de l'Assemblée Générale élective. Certains observateurs estiment que ces tractations sont le prélude à une normalisation prochaine par l'exécutif tunisien des relations avec Damas, avec l'aval du quartet nobélisé.


S.S