Tunisie : plusieurs régions optent pour le couvre-feu

 Tunisie : plusieurs régions optent pour le couvre-feu

Le chef du gouvernement Hichem Mechichi, en poste depuis 1 mois, en visite inopinée à l’hôpital universitaire de Monastir

Pour contenir la forte résurgence de la pandémie de Coronavirus, les autorités régionales dans les gouvernorats des villes côtières de Sousse et de Monastir ont décidé de concert d’instaurer un couvre-feu nocturne, le premier du genre depuis la fin du confinement au printemps dernier. Une mesure qui divise les habitants de ces pôles économiques du pays.

 

Dans le gouvernorat de Sousse, le nombre de contaminations est passé à 1889 cas après la découverte de 103 nouveaux cas positifs. La majorité des cas est recensée dans la délégation de M’saken (574 cas), suivie de Sousse Jawhra (345 cas) et Hammam Sousse (197 cas).

« On s’y attendait mais on pensait qu’on nous donnerait le temps de nous préparer ! », nous confie une femme d’affaires dans le secteur de la restauration, dont l’activité venait à peine de reprendre cet été, mais qui sera contrainte de se débarrasser d’une quantité importante de ses réserves en aliments.

A Sousse, le couvre-feu, décision annoncée le soir-même du jeudi par les autorités locales après avis de la commission spécialisée, a pris de court les riverains et les professionnels. Non progressive et décrétée de 20h00 à 05h00 du matin, pendant deux semaines, à compter du 1er octobre, la mesure impacte durement l’économie de ce poumon touristique de la région. Le prix à payer pour la jugulation d’une pandémie en hausse mais raisonnablement contenue comparée à d’autres pays.

En cette saison des mariages où les températures baissent ostensiblement le pays et où les touristes continuent d’affluer, il a ainsi été décidé y compris en cours de journée d’interdire l’organisation de cérémonies, des rassemblements et des manifestations aussi bien dans les espaces publics que privés, en sus des mesures d’interdiction du narguilé dans les cafés et les salons de thé, l’obligation de l’utilisation de contenants à usage unique (gobelets jetables), l’application de la distanciation sociale et l’aération continue des lieux.

 

Une décision politico-sanitaire

Selon Raja Trabelsi, la gouverneure de Sousse, ces décisions ont été prises par la commission régionale de lutte contre les catastrophes « en coordination avec le comité scientifique de lutte contre le covid-19 en vue de freiner la propagation du virus ». « Tout manquement à ces mesures sera passible d’une sanction ferme », a-t-elle insisté. Mais si les places en réanimation commencent à atteindre à nouveau leur limite dans les hôpitaux, d’aucuns pensent que la décision du couvre-feu intervient surtout après que le gouvernement Mechichi ait donné son feu vert aux gouverneurs pour trancher au cas par cas sur la pertinence de telles mesures pouvant aller jusqu’au reconfinement.

Souverains, certains d’entre eux ne veulent prendre aucun risque, quitte à nuire aux nombreuses boites de nuit, restos, hôtels et autres lieux clos où les spécialistes estiment que le Covid-19 se propage davantage encore qu’ailleurs. Sur les réseaux sociaux, de nombreux internautes militent « pour que l’on ferme les discothèques et non les mosquées ».

Dans le gouvernorat mitoyen de Monastir, où 84 nouvelles personnes ont été testées positives au Coronavirus dans la seule journée de jeudi, portant le nombre des contaminés à 1673 cas, les nouveaux cas ont été détectés en particulier dans le chef-lieu de Monastir (24 cas), Teboulba (19 cas) et Sahline (9 cas).

Le gouverneur Akram Sebri y a annoncé qu’un couvre-feu est décrété de 20h00 à 6h00, soit plus strict encore qu’à Sousse. Il a été décidé également de suspendre les marchés hebdomadaires dans le gouvernorat et de fermer certains espaces publics à l’instar des salles de sport, des clubs de nuit et des centres de bien-être et de thalasso-thérapie.

 

Optimisme mesuré de la BCT

Lors d’une conférence en ligne hier jeudi, le gouverneur de la Banque centrale de Tunisie Marouane El Abassi a concédé que « l’année 2021 sera extrêmement compliquée ».  « Il faut un grand plan d’inclusion financière en coordination notamment avec les établissements de paiement et le ministère des Technologies pour des cash-transferts en faveur des ménages » a-t-il prévenu.

Circonspect, le chef de la BCT ajoute que « l’inflation et l’inflation sous-jacente ont baissé. Les effets de transmission commencent à se faire sentir. La politique monétaire a bien fonctionné. Le FMI a validé les mesures prises, elles ont eu l’effet escompté sur la demande. Pour réussir la relance et éviter la pression sur les réserves en devises, il va falloir des investissements productifs et non inflationnistes », explique-t-il.

 

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