Plus de quatre mille PME fermées en 10 ans
4319 entreprises manufacturières de plus de 10 emplois ont fermé, entre 2005 et juin 2016, causant la perte de près de 250 mille emplois, soit à raison de 400 entreprises fermées et 25000 emplois perdus en moyenne par an, selon une étude de l’APII (Agence de promotion de l’Industrie et de l’Innovation) publiée le 11 décembre.
Au moment où l’Assemblée des représentants du peuple votait une controversée loi de finances qui selon l’opposition reprend d’une main ce qu’elle donne de l’autre, l’API explique que la fermeture des entreprises est expliquée par « le faible pouvoir compétitif des petites et moyennes entreprises » (catégorie la plus touchée par la fermeture) ainsi que « les difficultés de liquidité et des problèmes d’accès aux marchés financiers ».
La raison de ce phénomène réside également dans la frilosité des investissements étrangers qui se détournent du pays, sous l’effet du moindre risque économique, social ou politique, une logique qui s’est accélérée depuis la révolution à partir de 2011.
La plupart des entreprises fermées opérent dans le secteur du textile-habillement et cuir pour lequel est connue la Tunisie : soit 59% des sociétés en banqueroute sur la période 2005-2015, suivies par les industries mécaniques et électriques (fabrication de câbles) avec 13%, précise l’étude qui inclue les « projets déclarés mais non réalisés ».
S’agissant de la répartition régionale, 47% des entreprises fermées sont situées dans le Centre-Est (gouvernorat de Kairouan notamment) et 27% au Sud, indique l’étude qui relève néanmoins que la fermeture des entreprises a touché l’ensemble des régions du pays.
« L’impact de la révolution a été ressenti aussi, au niveau de la création des nouvelles entreprises manufacturières dont la moyenne par an en nombre est passée de 470 sur la période 2005 – 2011 à 292 sur la période 2012 – 2015 ; enregistrant ainsi une baisse d’environ 40% ».
Cette baisse au niveau du nombre de création d’entreprise est accompagnée par une diminution au niveau de la moyenne annuelle des emplois créés qui a été divisée par deux, en passant de 33000 emplois créés par an à 16000 emplois.
Un secteur libéral éphémère
60% des fermetures des entreprises ont lieu avant d’atteindre l’âge de 10 ans, révèle l’APII. « Nous devons prévoir une baisse de la part de la valeur ajoutée industrielle au niveau du PIB tunisien », constate la même source, en cette année 2016 où le gouvernement Chahed espère encore avoir inversé la courbe de la croissance, après un préoccupant 0,8% en 2015 contre 4,8% la même année au Maroc.
Cette première phase de l’étude sera couronnée par un Benchmark avec des pays de référence (Maroc, Turquie, Roumanie et France) dans l’objectif de dégager des réformes d’amélioration du climat des affaires et des dispositifs d’appui à la création et à la pérennité des entreprises.
S.S