Pénurie de médicaments, Chahed cherche une sortie de crise

La Tunisie connaît depuis plusieurs mois une pénurie de médicaments sans précédent. Selon le Syndicat des Pharmaciens d’Officine de Tunisie, cette pénurie touche tous les médicaments dont les antibiotiques et ceux traitant les maladies chroniques. Le gouvernement tente de réagir, sans succès à ce jour. Explications.

Dans le déni dans un premier temps, les autorités sanitaires ont fini par admettre la pénurie qui s’installe dans la durée et ne touche plus désormais que les produits pharmaceutiques dits facultatifs ou cosmétiques. En cause, l’impatience de grands laboratoires internationaux qui accusent le pays d’être un mauvais payeur et de ne pas avoir honoré des arriérés de commandes antérieures de médicaments.  

Le récent limogeage de hauts responsables de la Pharmacie centrale n’a pas jugulé le problème. Aujourd’hui les Tunisiens manquent même de produits banals fabriqués en Tunisie tels que le paracétamol dosé à 1gr, du fait de la forte demande suite à la pénurie de médicaments plus sophistiqués, un cercle vicieux.

Plusieurs médecins du secteur public ont lancé des cris d’alarme sur les réseaux sociaux pour dénoncer ce problème d'une ampleur inédite.

Suite à l’affaire de l’épuisement du produit anesthésiant Xylocaine, considré comme produit de première nécessité dans tout bloc opératoire, à l’hôpital Abderahmane Mami de l’Ariana, le chef du gouvernement Youssef Chahed a effectué aujourd’hui lundi une visite inopinée d’inspection dans cet établissement. Il s’y est notamment engagé à prendre toutes les mesures nécessaires pour remédier au problème de la pénurie générale des médicaments.

A cette occasion il s’est rendu au service de cardiologie où il a pris connaissance, auprès de l’équipe médicale, des équipements et médicaments qui font défaut dans cet établissement. Dans une déclaration à la chaîne nationale, le chef du gouvernement a tenu à saluer les médecins du secteur public pour leurs sacrifices malgré des conditions qu’il a qualifiées d'« extrêmement difficiles ».

Le Dr. Faouzi Addad, professeur en cardiologie à l’hôpital Abderahmane Mami de l’Ariana qui avait lancé, mercredi dernier, un cri d’alarme sur la pénurie du produit Xylocaine dans son établissement, s’est félicité de la « réactivité » du chef du gouvernement auprès du corps médical et de la santé publique.

Manque de visibilité malgré le satisfécit du corps médical

Il a déclaré que « Chahed a eu une discussion franche et sans langue de bois avec toute l’équipe médicale afin de trouver des solutions aux pénuries de médicaments dans l’ensemble des structures du pays », ajoutant que cette visite intervient pour rendre l’espoir aux médecins du secteur public.

A l’issue de cette visite, un conseil ministériel restreint sous la présidence du chef du gouvernement s’est tenu au palais du gouvernement à la Kasbah pour discuter des mesures à prendre afin de pallier le manque de médicaments.

Lors du prochain remaniement ministériel, imminent selon certains observateurs, le nom de Souad Abderrahim, ancienne députée Ennahdha et pharmacienne de formation, est récurrent pour le poste de ministre de la Santé, en remplacement de l’actuel ministre Imed Hammami, lui aussi issu d’Ennahdha. Une nomination qui éviterait à la femme politique la polémique déjà grandissante de son investiture à la tête de la mairie de Tunis où elle est contestée par un certain nombre de figures publiques pour son « inexpérience ».