Peine de mort pour les assassins de Mabrouk Soltani
Justice – La chambre criminelle spécialisée dans les affaires terroristes du Tribunal de première instance de Tunis a condamné à mort par pendaison cinq terroristes, parmi lesquels figure l’auteur de l’assassinat par décapitation du jeune berger Soltani. Une sentence pensée pour être exemplaire, même si la peine de mort n’est plus appliquée en Tunisie depuis le début des années 90.
La Cour a estimé que Borhen Boulaâbi, l’un des chefs du groupe djihadiste Jond al Khilafa et auteur de l’exécution, ainsi que quatre de ses acolytes, sont tous impliqués dans la planification et le crime terroriste consistant en l’égorgement du berger Mabrouk Soltani âgé de tout juste 16 ans, en novembre 2015 dans les environs de Jelma. Ce dernier avait été accusé d'être un indicateur de la Garde nationale par les djihadistes.
Quatre autres accusés ont quant à eux écopé de peines entre 20 et 35 ans de prison en référé, soit la prison à perpétuité. La défense des accusés n’a pas pour l’heure annoncé son intention de faire appel de ces verdicts.
L’enquête avait en outre révélé que Sami Guesmi originaire de Douar Hicher dans les faubourgs de Tunis avait rejoint le groupe depuis 5 ans.
L’assassinat avait mis en émoi l’opinion publique il y a quatre ans, d’autant que la TV nationale Wataniya 1 avait diffusé dans son journal de 20h des images de la tête découpée du jeune berger placée par sa famille dans le réfrigérateur, après qu’elles aient reçu son corps. Un rédacteur en chef du journal télévisé avait alors été démis de ses fonctions suite à cette diffusion condamnée également par le Syndicat national des journalistes SNJT.
Démantèlement partiel de Jond al Khilafa
Pis, l’épisode fut ravivé une fois encore dans la même ville de Jelma, lorsque la semaine dernière, le 3 janvier 2019, au moins cinq autres individus appartenant au même Jond al Khilafa ont pu se réfugier dans une habitation de la ville, avant d’être abattus par la Brigade antiterroriste et l’USGN. Avant cela, le même groupe djihadiste a récemment blessé mortellement cette fois dans la région de à Sbiba (gouvernorat de Kasserine) Khaled Ghozlani, frère du militaire Said Ghozlani, lui-même assassiné 2 ans auparavant. Un acte commis au domicile familial du martyr par un groupe armé composé d’une douzaine d’éléments.
La même chambre judiciaire a également condamné par contumace hier 9 janvier pas moins de 45 accusés en état de fuite, après avoir obtenu dit-elle des preuves de leur implication dans les faits qui leur sont reprochés, à des peines de prison allant jusqu’à 35 ans pour appartenance à la cellule terrorise Jond al Khilafa, groupuscule connu pour être affilié au groupe Oqba Ibn Nafii qui a lui-même prêté allégeance à l’Etat islamique Daech.
Le débat sur la peine de mort relancé
Comme l’Algérie et le Maroc, la Tunisie continue de prévoir la peine de mort dans son arsenal du dispositif pénal non révisé dans cet aspect par la nouvelle Constitution de 2014, le texte n’étant pas allée jusqu’à l’abolition de cette peine malgré de longs débats lors de la phase constituante. Une situation dénoncée par Amnesty Internationale dans un rapport en 2018.
Cependant depuis fin 1991, aucune sentence de peine de mort n’a été exécutée en Tunisie, même si selon les derniers chiffres en date connus, au moins 80 personnes se trouvent dans les couloirs de la mort des prisons tunisiennes.
Parmi les défenseurs les plus assidus de la peine de mort en Tunisie, l’avocat Nizar Ayed affilié à Nidaa Tounes, ainsi que la plupart des leaders du parti Ennahdha qui se prononcent généralement contre son abolition.
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