« OPDA », ambassadeur déjà sous les feux des critiques
Plus de 30 000 Français vivent en Tunisie dont près de la moitié y sont scolarisés, et environ 750 000 Tunisiens vivent en France, selon les dernières statistiques, c’est dire l’importance des deux pays l’un pour l’autre, d’autant que la France reste le premier partenaire économique la Tunisie. C’est dire aussi l’importance stratégique du poste de chef de la diplomatie française à Tunis. Depuis sa nomination cet été, Olivier Poivre d’Arvor a fait quelques sorties médiatiques remarquées, plus ou moins heureuses. La dernière en date, sur RTL, n’est pas passée inaperçue.
« C’était le rêve de mon frère, mais il n’a pas réussi à le réaliser », plaisante Olivier à propos de son frère Patrick « PPDA », célèbre journaliste qui n’a pas pu devenir ambassadeur.
Répondant à une question relative à sa mission principale, « OPDA » affirme qu’elle consistera à « assurer la sécurité » des Français qui se trouvent en Tunisie. « Il y a 30.000 ressortissants, presque 15.000 jeunes dans des lycées français. Ce sont des cibles. Il faut pouvoir les protéger, notamment dans les pays comme la Tunisie dont on sait qu’ils sont fournisseurs de jihadistes », explique-t-il sur RTL.
« Si vous le croisez, merci de lui dire que les Tunisiens sont les premières cibles des attaques et non les Français, on va très bien, merci au revoir », a rétorqué ironiquement Stéphanie Pouessel, chercheuse française au European University Institute et résidente en Tunisie.
Ce focus sécuritaire agace également certains Tunisiens, comme le relaye le site Réalités qui s’offusque des « drôles de priorités » du nouvel ambassadeur.
Sans doute plus consensuel, l’ambassadeur sortant François Gouyette a dans son discours de départ préféré souligner les destins croisés des deux pays en la matière, en affirmant que « la menace terroriste aura également lourdement éprouvé la Tunisie et la France au cours de l’année 2015, ainsi qu’en 2016, lors d’attentats effroyables qui nous ont tous profondément marqués et endeuillés ».
Depuis 2011 et la starification de ce poste d’ambassadeur français à Tunis par le sémillant et controversé Boris Boillon, proche de Nicolas Sarkozy, l’attention médiatique n’est plus retombée autour du 1, Place de l’Indépendance, siège de l’ambassade où nous avions été accueillis la veille du 14 juillet dernier.
C’est le 11 septembre qu’OPDA (58 ans), issu du monde des lettres, est officiellement entré en fonction, après avoir choisi d’embarquer en bateau le 10 septembre direction Tunis. Il renoue avec la diplomatie 30 ans après avoir occupé le poste de directeur du Centre culturel français d'Alexandrie en Egypte.
Fin novembre prochain, en marge de la grande Conférence internationale des investisseurs et bailleurs de fonds « Tunisia 2020 », Poivre-d’Arvor jouera un rôle clé, au moment où la France promet 1 milliard d’euros de levée de fonds sur 4 années (2016 – 2020), ce qui laisse à penser que même si le pouvoir passe à droite en mai 2017 en France, l’homme sera maintenu pour un bon moment à son poste, dans un souci de continuité.
Le 30 août dernier, à l’occasion de la semaine des ambassadeurs, François Hollande a réaffirmé pour une fois avec moins de langue de bois l’appui de la France à la Tunisie à travers « la nécessité de joindre la parole à l’action », allusion à un soutien financier annoncé mais non encore concrétisé.
Seif Soudani