Tunisie. Omicron : Vers un couvre-feu et une interdiction des rassemblements ?
La porte-parole du comité scientifique du lutte contre le coronavirus, Jalila Ben Khelil, est intervenue dimanche soir au journal télévisé de 20h00 de la chaîne nationale, à propos de l’évolution préoccupante de la situation épidémique en Tunisie, et de la prévalence du variant Omicron qui nécessite selon le comité de nouvelles restrictions. A quelques jours des manifestations prévues pour le 14 janvier, certains dénoncent une instrumentalisation politique de la pandémie.
Jalila Ben Khelil est ainsi revenue sur la hausse préoccupante de l’ensemble des indicateurs épidémiques. Quelques heures plus tard, le ministère de la Santé révélait que le nombre des nouvelles contaminations avait atteint pour la seule journée du 8 janvier, 2579 cas, soit environ 18% de taux de positivité des tests effectués.
C’est deux fois moins que les records atteints l’été dernier en Tunisie, mais c’est quasiment 4 fois plus que les 5% enregistrés à la rentrée où ce taux était à son plus bas depuis 1 an. A Médenine, un pic alarmant de 200 cas par 100 mille habitants a été enregistré le 7 janvier, soit près de 10 fois au-delà du seuil d’alerte des vagues épidémiques.
Si grâce à la vaccination et à la virulence moindre d’Omicron, le nombre des décès ne dépasse pas encore la dizaine par jour, le nombre des hospitalisations, à 426 hospitalisés actuellement dont 115 en soins intensifs, demeure quant à lui élevé.
Interdiction des rassemblements, un timing polémique
Ben Khelil a par conséquent indiqué que le comité scientifique recommande, suite à une série de concertations, « l’interdiction de tous les rassemblements indépendamment de leur nature », seule mesure à même de ralentir la propagation du nouveau variant. La même source a par ailleurs affirmé que le comité préconise désormais un couvre-feu, le premier depuis septembre 2021 : « Ces deux mesures devraient être appliquées durant 3 semaines, suivies par une évaluation de l’évolution de la situation ».
Le comité recommande également une application stricte du contrôle du pass sanitaire et de renforcer les contrôles au niveau des passages frontaliers, outre l’application des gestes barrières et des protocoles sanitaires.
Le membre du comité scientifique a conclu en expliquant que le comité avait soumis ses recommandations au ministre de la Santé, qui les soumettra à son tour au gouvernement afin qu’il prenne les décisions adéquates.
Mais à trois jours des grandes manifestations attendues à l’occasion de la commémoration du 11ème anniversaire de la révolution du 14 janvier, une date non reconnue par le nouveau régime du président Kais Saïed, l’opposition dénonce un usage qu’elle soupçonne opportun de l’argument sanitaire, de sorte de faire annuler ces mobilisations, notamment dans la capitale.
A Tunis, le directeur régional de la Santé, Tarek Ben Nasr, a indiqué hier dimanche que la commission régionale de prévention et de lutte contre les catastrophes naturelles a d’ores et déjà pris des mesures visant à faire face à la propagation du coronavirus, via « des opérations de contrôle sur le terrain par des agents du ministère de la Santé en coordination avec la police environnementale et municipale », en vue de faire respecter l’exigence controversée du pass sanitaire dans certains espaces.
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