Tunisie. Officiel : confinement général de quatre jours
Les rumeurs parcellaires étaient donc fondées. Mardi soir 12 janvier, la décision d’un confinement total de 4 jours est tombée. Certains dénoncent « une mesurette » qui n’a « aucun sens ». Décryptage.
Annoncée par le Comité national de lutte contre le Coronavirus, et aussitôt relayée par le gouvernement, la mesure s’appliquera à compter de ce jeudi 14 janvier jusqu’au dimanche 17 janvier 2021, à l’exception des secteurs vitaux, a annoncé le ministre de la Santé Faouzi Mehdi, lors d’une conférence de presse.
Il s’agit du deuxième confinement général du pays depuis celui décrété en mars 2020. Ce dernier avait duré deux mois, avait coûté 10 points de croissance au pays, mais sa durée conséquente avait alors permis au pays de sortir de la première vague avec un bilan salué à l’international de seulement 50 morts.
Suspension des cours et « pont » du 14 janvier
S’agissant du couvre-feu, il reste toujours en vigueur, mais renforcé : à partir de 16h00 jusqu’à 06h00 du matin, au lieu de 05h00 à 20h00 actuellement, a encore précisé le ministre.
Les cours seront quant à eux suspendus dans l’ensemble des établissements scolaires ainsi que de l’enseignement supérieur et de la formation professionnelle dans les secteurs public et privé, et ce jusqu’au 24 janvier 2021, soit 10 jours d’interruption.
Tout rassemblement sera également interdit à partir du jeudi 14 janvier jusqu’au 24 janvier courant. Concernant les cafés et restaurants, à peine soulagés de pouvoir à nouveau accueillir leur clientèle, ils seront à nouveau dans l’interdiction de servir des consommations sur place, à partir du lundi 18 janvier, date de la fin du confinement général, jusqu’au 24 janvier 2021.
Un régime de travail par alternance des équipes est aussi imposé, assorti d’un appel lancé aux responsables dans les administrations étatiques privées pour adopter le télétravail et le travail à distance autant que possible.
Cette batterie de décisions a été prises « suite à l’examen des données relatives à la situation pandémique, présentées par l’Observatoire national des maladies nouvelles et émergentes ainsi que les recommandations du comité scientifique de lutte contre le coronavirus », selon la même source. Le 14 janvier étant un jour férié, de nombreux Tunisiens se préparent donc à « faire le pont » à la faveur d’un weekend précoce.
Une politique de confinement à l’efficacité controversée
Si les confinements d’une durée typique d’1 à 2 mois ont prouvé leur efficience en matière d’allègement de la charge sur les établissements hospitaliers, 4 jours de confinement constituent une mesure incompréhensible y compris par une partie du corps médical.
Commode d’un point de vue sécuritaire au moment où la situation sociale du pays fait craindre aux autorités des débordements à l’occasion des commémorations de la révolution du 14 janvier, la décision du confinement de 4 jours, soit 96 heures, alimente les soupçons de motivations politiques que nous évoquions dès lundi.
Exprimés en début de semaine, les avis contradictoires de certaines personnalités très en vue en matière de lutte anti-Covid-19 tendent à véhiculer l’image d’un cafouillage décisionnel.
Ainsi la docteure Nissaf Ben Alaya, porte-parole du ministère de la Santé, avait pourtant souligné le 11 janvier dernier qu’un confinement total d’uniquement 4 jours n’aboutirait pas à des résultats significatifs en matière de lutte contre la propagation de la pandémie : « Cela ne va rien changer », avait-elle surenchéri.
La Tunisie compte aujourd’hui 163 mille cas positifs dont 120 mille guérisons et 5284 décès. Des chiffres qui mettent à mal le secteur hospitalier qui a récemment commencé à sélectionner les admissions en lit de réanimation avec en moyenne 5 malades en attente pour chaque lit.