Nouveaux accrochages à Ben Guerdane, 10 djihadistes et un soldat tués
Alors qu’un calme fébrile était revenu à Ben Guerdane, de nouveaux combats ont éclaté dans la localité mitoyenne de l’Amira tard dans la nuit de mardi à mercredi 9 mars 2016. Le nombre de terroristes qui ont été abattus depuis la nuit dernière s'élève désormais à 10, en sus des 36 qui avaient été initialement abattus lundi, ont indiqué mercredi les ministères de l'Intérieur et de la Défense dans un bilan actualisé.
« Un autre terroriste qui était retranché dans une maison de la région, a été abattu aujourd'hui mercredi dans la localité de Amria à Ben Guerdane », précise la même source.
Les ministères de l'Intérieur et de la Défense nationale ont précisé dans un communiqué conjoint que 46 éléments terroristes ont été abattus au total depuis le commencement de l'opération militaire avant hier à l'aube à Ben Guerdane. Un soldat, Ghaith Katif, a également trouvé la mort dans ces nouveaux combats faisant suite à une série de perquisitions visant à ratisser toute la zone. Cela porte à 12 le nombre d’hommes des forces armées tunisiennes tués.
Selon l’analyste Michael Ayari de Crisis Croup, les djihadistes comptaient rallier à leur cause les habitants locaux de Ben Guerdane, une ville de quelque 60.000 habitants sous couvre-feu nocturne depuis lundi : « Le terme "terroriste" jette un voile sur les objectifs politiques du commando: rallier à sa cause une partie de la population de Ben Guerdane, réputée "frondeuse", en l'incitant à l'insurrection, tout en s'assurant le contrôle militaire de la ville. Par exemple, l'EI a diffusé un message révolutionnaire djihadiste des hauts parleurs des mosquées et tenté de distribuer des armes. Dans cette mesure, ceci rappelle l'attaque de Gafsa du début des années 1980 et a donc un sens politique ».
Deux des éléments tués ont été repérés le matin après s'être emparés de la nourriture d'ouvriers sur un chantier, et un soldat est mort dans l'opération, ont indiqué les autorités en faisant état d'un civil blessé. Un troisième djihadiste qui s'était retranché dans une maison a été abattu. Mardi soir, l'armée et les forces de sécurité ont tué sept djihadistes qui avaient, eux aussi, trouvé refuge dans une maison.
Objectif : arrêter les infiltrations
Dans ce climat tendu, le ministère de la Défense a rappelé qu'entrer dans la zone tampon entre la Tunisie et la Libye était soumis à une autorisation spéciale, et prévenu que les forces de l'ordre se comporteraient "avec fermeté".
Alors que les opérations sécuritaires se poursuivent, la cité de Ben Guerdane reste quadrillée par un dispositif militaire et aérien, selon des résidents. Les postes-frontières avec la Libye sont fermés depuis lundi.
Toujours à Ben Guerdane, des milliers de personnes ont assisté aux funérailles de victimes des attaques de lundi, placées sous haute sécurité. Les dépouilles ont été inhumées dans un nouveau carré "Martyrs du 7-Mars" du cimetière de la ville.
Mercredi, une minute de silence a été observée à l'ouverture des écoles dans l'ensemble du pays. Journaliste au Huffington Post, Antony Drugeon se demande en revanche si les évènements de Ben Guerdane n’ont pas libéré la parole anti droits de l’homme.
Tentant une grossière récupération, le dictateur syrien Bachar Al-Aassad a quant à lui "exprimé sa solidarité avec la Tunisie".
S.S