Tunisie. Nouveau record pour les transferts financiers des TRE
La plus récente mise à jour des indicateurs monétaires et financiers publiés par la Banque centrale de Tunisie (BCT) révèle que les transferts des Tunisiens résidents à l’étranger (TRE) jusqu’au 10 décembre 2024, ont enregistré une hausse de 4,6% par rapport à la même période de l’année précédente. Une manne inespérée pour une économie tunisienne toujours en crise.
Les transferts des Tunisiens résidant à l’étranger ont connu une augmentation de 4,6 % au 10 décembre 2024 par rapport à la même période l’année précédente, atteignant un montant de 7607,8 millions de dinars, selon les données actualisées de la Banque centrale de Tunisie. Pour la deuxième année consécutive, ces transferts de la diaspora dépassent les recettes touristiques, qui ont également progressé de 7,2 %, atteignant 7050 millions de dinars.
Ensemble, ces deux sources de revenus ont contribué à couvrir le service de la dette extérieure, estimé à 13483,1 millions de dinars pour l’année en cours. De plus, elles ont renforcé les réserves nettes en devises, qui s’élèvent actuellement à 25171,1 millions de dinars, soit l’équivalent de 113 jours d’importation. Par ailleurs, le dinar tunisien s’est apprécié de 1,94 % face à l’euro, dont la valeur est passée de 3,83 à 3,31 dinars, tout en enregistrant une légère dépréciation face au dollar, passé de 3,093 à 3,182 dinars.
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Au 19 décembre 2024, le dinar tunisien a enregistré une appréciation de 1,94 % par rapport à l’euro, sachant que le taux de change d’un euro s’établit actuellement à 3,31 dinars. La monnaie locale a quant à elle connu une légère dépréciation face au dollar sachant que le taux de change d’un dollar est actuellement estimé à 3,147 dinars.
Les réserves en devises, un indicateur ambigu
De même, les réserves en devises, un indicateur crucial de la santé économique du pays, ont atteint 113 jours d’importation, soit l’équivalent de 25171,1 MD, selon l’Institut d’émission. Universitaire et expert financier, Aram Belhadj a récemment relativisé toutefois cette donnée : « Il faut surtout mettre en place des mesures d’urgence dans le but de réformer le climat de l’investissement. Les taux de croissance de l’ordre de 0,2%, de 0,6% ou de 1% restent faibles par rapport à un taux d’inflation de 6,7% ».
L’économiste poursuit : « Il s’agit de ce qu’on appelle les « quick wins »… Nous constatons des taux de croissance encore très faibles en Tunisie… N’oublions pas que les réserves en devises ne sont pas la propriété de l’État, mais des acteurs économiques… Une partie seulement appartient à la Tunisie et lui permet de rembourser les dettes extérieures… La situation économique demeure difficile, l’indicateur économique le plus important étant la création de richesse », a-t-il renchéri.
Quant à la relance économique, il considère que ceci reste tributaire de deux facteurs : l’investissement public et le soutien aux PME. Or, celles-ci vont pâtir les prochains mois de l’amendement du Code du commerce qui, en dépénalisant en profondeur les chèques bancaires, conduira vraisemblablement les banques tunisiennes à restreindre dans un premier temps l’accès au crédit dans le secteur privé, le temps de clarifier la situation des chèques de garantie abondamment utilisés dans le pays.