Notre femme dans la politique et la société : quelques disparités subsistent
Quelle est la véritable place de la femme dans la sphère politique tunisienne ? C’est la question à laquelle le premier documentaire de l’actrice Anissa Daoud se propose de répondre. « Notre femme dans la politique et la société », qui sera projeté en présence de la réalisatrice demain (21 juillet) à l’institut des cultures d’Islam, met donc les pieds dans le plat en interrogeant une des fiertés de la politique tunisienne.
La Ligue des électrices tunisiennes
Pour la mise en place de ses lois progressistes en faveur des femmes, le président Bourguiba s’est appuyé sur le livre du penseur et homme politique tunisien Tahar Haddad : « Notre femme dans la Charia et la société ». Une œuvre reconnue et encore citée aujourd’hui en exemple par les militants de l’égalité homme-femme et notamment la Ligue des électrices tunisiennes (LET), créée en 2011. C’est notamment le cas dans une vidéo de sensibilisation au vote des femmes où le nom de l’auteur est cité aux côtés de femmes ayant fait avancer le statut de la femme tunisienne comme Tawhida Ben Cheikh (1909-2010), première femme médecin du monde arabe. 86 ans après Tahar Haddad, Anissa Daoud questionne donc la place de la femme dans la politique et la société tunisienne, en suivant notamment des membres de la ligue des électrices tunisiennes dans leur combat au quotidien.
Du cinéma à la politique
Au-delà du discours convenu sur le statut de la femme en Tunisie, Anissa Daoud a voulu montrer la vraie place de la femme dans la vie active. Elle-même, en tant qu’actrice, a connu quelques difficultés et a dû faire face au sexisme notamment pour la sortie du film « Les frontières du ciel » dans lequel elle tenait un des rôles principaux. Une simple scène dénudée dans ce long-métrage lui a valu de nombreuses critiques. Au moment de faire un bilan, Anissa Daoud a été sans équivoque : « Finalement on veut une vitrine : des comédiennes libres pour incarner ce qu'on met dans le rôle, mais qui ne réfléchissent pas. Tout comme on veut des femmes politiques pour faire joli dans la galerie mais on ne veut pas qu'elles prennent trop de place, qu'elles se positionnent ou qu'elles créent des lobbies féminins » confiait-elle en décembre dernier à TV5 monde.
Si le statut de la femme en Tunisie a connu de grandes avancées, il n’en reste pas moins quelques disparités. Pour les Tunisiennes, le combat continue.
Notre femme dans la politique et la société, de Anissa Daoud. Institut des Cultures d’Islam, 21 juillet (19h).
Ferdinand Duhamel