Nidaa Tounes : démissions, ou petits calculs politiciens ?

 Nidaa Tounes : démissions, ou petits calculs politiciens ?

Le groupe des 31 démissionnaires


Depuis la démission collective du 8 novembre, chaque jour apporte son lot de tergiversations en vue de ressouder le parti. Si les dissensions au sein du premier parti du pays aiguisent déjà les appétits de « repreneurs » potentiels, rien n’est joué d’un point de vue légal : contrairement à ce que peut penser le commun des mortels, la démission du « groupe des 32 » est toujours réversible. Une possibilité qui n’est pas que théorique…




 


L’article 37 du chapitre V du règlement intérieur de l’Assemblée des représentants du peuple stipule en effet que :


« Le président d’un bloc informe le Président de l’Assemblée par écrit de toute modification qui peut intervenir dans le bloc […] S’il s'agit d'une démission, la notification est signée par le membre concerné après le dépôt d’une première notification auprès du président du bloc concerné. La démission ne devient effective qu’après cinq (5) jours à compter du dépôt de ladite notification auprès du Président de l’Assemblée. »


Or, officiellement, l’une des raisons ayant poussé le camp Mohsen Marzouk démissionner du bloc Nidaa et du parti, c’est l’entêtement du camp rival, celui de l’instance constitutive, à tenir une réunion décisive demain 12 novembre, qui devra trancher à propos des modalités de la tenue du premier congrès, au mépris des décisions du bureau exécutif.


Concrètement, la démission du dimanche dernier pourrait être de facto une subtile escalade afin d’arriver à la réunion de l’instance constitutive, deux jours avant que la démission ne penne effet, en relative position de force, en misant le tout pour le tout, et en dépit de la minorité numérique. Formulée mardi, la demande du groupe des 32 à être reçus par le président Béji Caïd Essebsi au Palais de Carthage est en soi une indication que le groupe se trouve, dans son ensemble, davantage dans une optique de négociations que de rupture. Il s'agit donc pour l'instant de brandir la démission comme une épée de Damoclès.


 


Une sortie de crise, à quel prix ?


A ce titre, on ne compte plus les enfreintes de la présidence de la République à la Constitution en matière d’ingérence dans les affaires d’un parti politique. D’après l’entourage de son cabinet, la dernière proposition en date émanant du président en personne serait un arbitrage plutôt controversé invitant son fils Hafedh Caïd Essebsi vice-président du parti et Mohsen Marzouk secrétaire général tous deux à ne pas être candidats à des postes de responsabilité au prochain congrès…


Pour Sabrine Goubantini, l’une des jeunes démissionnaires, les dissidents conditionnent leur retour à la dissolution de l’Instance constitutive. Or, la plupart des ministres Nidaa Tounes du gouvernement, poids lourds du parti, affichent leur soutien à cette entité pro Essebsi junior.


Comme si la situation n’était pas suffisamment compliquée, intervenant mardi au micro de Mosaïque FM, l’homme d’affaires Faouzi Elloumi, l’un des plus généreux donateurs du parti, a non seulement annoncé son intention de se porter candidat au secrétariat général du parti, mais aussi une scission supplémentaire de vingt députés Nidaa Tounes.


Un parti tellement ravagé par les clivages que même l’opposition l’invite à arranger sa maison interne « pour l’intérêt national ». Only in Tunisia !


 


S.S