Nessma TV aux prises avec la justice et la Haica

 Nessma TV aux prises avec la justice et la Haica

Plateau de Nessma TV affichant illégalement une image de Kais Saïed accompagnée du logo du parti Ennahdha


La chaîne fondée par le candidat à la présidentielle Nabil Karoui est à nouveau dans le viseur de la justice tunisienne. Après avoir écopé d’une lourde amende pour manipulation de l’image au cours de la campagne électorale, c’est le parquet qui annonce aujourd’hui l’ouverture d’une enquête judiciaire suite à des propos de Taoufik Ben Brik, qui a incité sur l’antenne de Nessma TV à « prendre les armes » pour faire libérer Karoui.



 


Les studios de la chaîne privée étant basés à Radès, banlieue sud de la capitale, c’est le porte-parole du Tribunal de première instance de Ben Arous, Omar Hanine, qui a ce matin mercredi annoncé que le ministère public a ouvert une enquête judiciaire, suite aux déclarations de l’écrivain Taoufik Ben Brik dans une émission diffusée le 1er octobre.      


Connu pour son franc-parler et son style sulfureux, cet ancien opposant historique à Ben Ali apparaissait pour la première fois depuis de long mois d’absence sur le plateau de la chaîne. Après avoir expliqué qu’il était ces derniers temps en campagne en France pour le candidat Karoui, notamment auprès des éditorialistes et médias français, il est parti dans une longue tirade, pour conclure : « Dans d’autres pays, les gens auraient pris les armes pour faire libérer l’un des leurs, et l’arracher aux barreaux. De toute façon, Nabil Karoui continue de diriger les choses depuis sa cellule de prison… ».  


Omar Hanine a par ailleurs indiqué qu’après s’être réuni pour visionner la séquence en question, le parquet a chargé le Pôle judiciaire de l’Aouina, spécialisé dans les crimes terroristes, d’examiner l’ensemble des déclarations de l’intéressé.


 


La Haica inflige une amende de 80 mille dt à Nessma


Dans une autre affaire, mais toujours liée à l’élection présidentielle, le conseil de la Haute autorité indépendante de la communication audiovisuelle (Haica) a décidé d’infliger une lourde amende de 80 mille dinars tunisiens à Nessma TV qui « diffuse ses émissions sans licence ». La même chaîne est épinglée en l’occurrence pour avoir diffusé une publicité politique au profit du candidat à la présidentielle Nabil Karoui mais aussi pour une « campagne de manipulation qu’elle mène contre le candidat Kais Saïed », adversaire de Karoui au second tour qui se tiendra le 13 octobre courant.


Dans un communiqué publié hier mardi, l’Instance explique que l’émission “Ness Nessma” du 24 septembre 2019 a diffusé une photo de Kais Saied, alors déjà qualifié au second tour de la présidentielle, affublée du slogan du parti Ennahdha. Le présentateur de l’émission affirmant même que Saïed était le « candidat de ce parti ».


Selon la Haica, cette décision s’appuie sur les dispositions des articles 45 et 46 du décret-loi N° 2011-116 du 2 novembre 2011, relatif à la liberté de la communication audiovisuelle et portant création de l’Instance. Elle se base aussi sur l’article 29 de la décision commune de la Haica et de l’ISIE datée du 21 août 2019 fixant les règles et les procédures de la couverture de la campagne électorale présidentielle et législative dans les médias audiovisuels.


La Haica rappelle, que le 14 septembre dernier, le conseil de l’instance avait déjà décidé d’infliger une amende de 40 mille dinars à Nessma TV pour avoir fait de la publicité politique au candidat à l’élection présidentielle Nabil Karoui.


La chaîne de télévision privée tombe ainsi sous le coup de l’article 45 du décret-loi 2011-116 stipulant qu'« il est interdit à tous les établissements de communication audiovisuelle de diffuser des programmes, annonces ou spots publicitaires pour un parti politique ou une liste électorale à titre onéreux ou gracieux…. En cas de récidive l’amende est doublée ».  


Mardi 2 octobre, la justice a une fois de plus rejeté une demande de libération de Karoui, le refus émanant cette fois de la chambre d’accusation en charge de l’affaire.


 


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