Tunisie. Najla Bouden annonce la composition de son gouvernement
Quasiment deux semaines après sa nomination, la cheffe du gouvernement Najla Bouden a finalement annoncé lors d’une cérémonie ce lundi 11 octobre au Palais de Carthage les noms des membres de son équipe. Ces derniers ont procédé à la prestation de serment devant le président Kais Saïed. Reste que la mission de cette formation à la légalité controversée s’annonce particulièrement difficile.
C’est la première fois que les Tunisiens découvraient la voix de Najla Bouden
Réduite à 24 ministres et une seule secrétaire d’Etat, la liste de ce dixième gouvernement en 11 ans se décline donc comme suit :
Ministre de la Justice : Leila Jaffel
Ministre de la Défense : Imed Memmich
Ministre de l’Interieur : Taoufik Charfeddine
Ministre des Affaires étrangère : Othmane Jerandi
Ministre des Finances : Sihem Nemssia
Ministre de l’Economie : Samir Saïed
Ministre des Affaires sociales : Malek Zahi
Ministre de l’Industrie : Neila Nouira Ghonji
Ministre du Commerce : Fadhila Rabhi Ben Hamza
Ministre de l’Agriculture : Mohamed Elyes Hamza
Ministre de la Santé : Ali Mrabet
Ministre de l’Education : Fethi Sellaouti
Ministre de l’Enseignement supérieur : Moncef Boukthir
Ministre de la Jeunesse et des : Kamel Deguich
Ministre des Technologie : Nizar Ben Neji
Ministre du Transport : Rabii Majidi
Ministre de l’Equipement : Sarra Zaâfrani
Ministre des Domaines de l’Etat : Mohamed Rekik
Ministre de l’Environnement : Leila Chikhaoui
Ministre du Tourisme : Mohamed Moez Ben Hassine
Ministre des Affaires religieuses Brahim Chaibi
Ministre de la Femme : Amel Belhaj
Ministre des Affaires culturelles : Hayet Guermazi
Ministre de l’Emploi : Nassreddine Nsibi
Secrétaire d’Etat aux Affaires étrangères : Aïda Hamdi
Si elle compte davantage de femmes (9 femmes sur les 25 membres du gouvernement), cette équipe ne tient pas vraiment ses promesses de rajeunissement en termes d’âge moyen.
Des ministères régaliens proches de Saïed
Une question se pose dans les sphères politico-médiatiques depuis l’annonce de la désignation De Bouden. La première femme à présider un gouvernement dans le monde arabe a-t-elle disposé de la prérogative de choisir ses ministres ?
A lire la liste des noms révélés aujourd’hui, une chose est sûre : elle n’a pas eu le moindre droit de regard en tous les cas sur les portefeuilles les plus importants tels que l’Intérieur où le président Saïed a réhabilité Taoufik Charfeddine, les Affaires étrangères où le chef de l’Etat a reconduit Othmane Jarandi, mais aussi la Justice dont hérite la magistrate Leila Jaffel que l’on savait déjà proche de Saïed lorsqu’elle fit partie des ministres imposés par Carthage au gouvernement Mechichi, aux Domaines de l’État et des Affaires foncières.
Ce n’est pas une surprise lorsqu’on sait que le désormais célèbre décret présidentiel 117 octroie au président Saïed tous les pouvoirs, y compris celui de nommer lui-même la cheffe d’un gouvernement dont les ministres sont redevables devant Carthage. En soi, c’est là l’un des aspects suspensifs de la Constitution de 2014, en ce qu’il prolonge de facto indéfiniment un changement en profondeur du régime parlementaire mixte vers un régime présidentialiste.
Le président confirme également l’officier de la médecine militaire Ali Mrabet qu’il avait lui-même nommé à la Santé fin juillet, tout comme Sihem Nemssia aux Finances. A l’Intérieur, Ridha Gharsallaoui, pourtant lui aussi nommé par Saïed, n’aura pas fait long feu en étant remercié après seulement 2 mois d’Intérim.
Il laisse la place à Taoufik Charfeddine, cet avocat de Sousse inconnu du grand public si ce n’est ses activités de coordination de la campagne électorale de Kais Saïed en 2019 dans cette région. Il s’agit pour lui d’une revanche personnelle, puisqu’il occupait ce même poste jusqu’à ce qu’il soit limogé par Hichem Mechichi en janvier dernier.
Autre poste-clé, ingénieur diplômé de l’Ecole centrale de Paris, Samir Saied (62 ans), a une longue carrière dans le secteur bancaire : 30 ans d’expérience dans les banques commerciales, de développement et d’investissement avec une expertise en Corporate Finance, prêts aux PME, gestion du risque et de capital-risque. Il aura la lourde tâche de relancer une économie sinistrée.
Hier dimanche 10 octobre, des milliers de manifestants anti Kais Saïed ont une nouvelle fois protesté contre ses mesures dites d’exception, promettant de revenir à la charge, toujours plus nombreux, malgré les heurts qui les ont opposés aux forces de l’ordre.