Mort des 12 nourrissons : pour l’Assemblée, le gouvernement est responsable
Le Bardo – Réunis aujourd’hui mardi 12 mars en plénière, les députés ont fait porter au gouvernement Chahed la responsabilité de la mort des 12 nourrissons du centre de maternité et de néonatologie du CHU de la Rabta, appelant le chef du gouvernement à se présenter devant l’Assemblée des Représentants du Peuple (ARP) dans les tous prochains jours afin de s’expliquer devant les élus sur cette tragédie nationale qui met toujours en émoi l’opinion publique nationale.
La séance n’avait pas démarré sous les meilleurs auspices, puisque 143 députés uniquement sur les 217 que compte l’ARP ont répondu présents lors du démarrage des débats, soit 74 députés absents. « Inacceptable étant donnée la gravité de l’ordre du jour », selon plusieurs internautes spectateurs du stream en direct du Bardo.
Entre griefs légitimes et instrumentalisation politique
Naturellement les plus virulents, les députés de l’opposition ont indiqué que la décision de programmer une plénière consacrée à l’audition du chef du gouvernement était du ressort exclusif du Parlement, qui à ce titre exerce son rôle de contrôle du gouvernement dans le but d’élucider les causes médicalement toujours vagues du drame de la perte des douze bébés, d’où l’urgence d’établie d’ores et déjà une responsabilité morale et politique.
Le juriste Ahmed Seddik, chef du bloc parlementaire du Front Populaire (gauche radicale) a pour sa part estimé que « le peuple Tunisien est en train de subir l’impact des politiques dessinées par la coalition au pouvoir en matière de santé », tout en soulignant que les budgets titanesques consacrés à ce secteur, jadis réputé en Tunisie pour son exemplarité, sont désormais destinés à servir les intérêts de certains lobbies influents.
De son côté, le sulfureux député Faycel Tebini du Parti des agriculteurs a accusé les partis de la coalition d’avoir « acheté des voix pour accéder au pouvoir », d’où la non-tenue selon lui des « promesses extravagantes » faites par lesdits partis, lors des campagnes électorales de 2014 et de 2018. Il a également dénoncé les pratiques consistant à remettre les corps des nourrissons à leurs familles dans des boites en carton, une pratique que la nouvelle ministre de la Santé par intérim promet d’éradiquer dans un délai d’1 mois, bien que vérification faite, la pratique existe notamment dans de nombreux pays d’Amérique latine.
Face à ce tollé général, les députés de la coalition au pouvoir ont dû approuver la décision d’auditionner le chef du gouvernement, adoptée à l’unanimité. Allié du gouvernement, le député islamiste Habib Khédher du bloc Ennahdha a mis l’accent sur la nécessité de tenir l’audition dans les plus brefs délais, accusé en cela de zèle par l’opposition de gauche qui n’a pas manqué de rappeler la dégradation du secteur sous le mandat du ministre Ennahdha de la Santé Imed Hammami, en poste jusqu’à fin 2018.
Exigeant à son tour la démission immédiate du gouvernement Chahed, Nidaa Tounes, qui compte pourtant de nombreux ministre anciennement Nidaa dans ce même gouvernement, a quant à lui été taxé de vouloir instrumentaliser un drame national à des fins partisanes de règlement de comptes.
En fin de séance, le président de la commission parlementaire de la santé et des affaires sociales, Souheil Alouini a enfin annoncé que la commission examinera la possibilité d’obtenir un budget additionnel en faveur du secteur de la Santé publique, courant 2019, probablement dans le cadre d’une loi de finances complémentaire.
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