Tunisie. Migration : une trentaine de morts, bilan provisoire de plusieurs naufrages
Avec l’amélioration de la météo et des conditions plus propices aux traversées de la méditerranée, la dure réalité des embarcations de fortune refait surface avec le bilan humain le plus lourd au large des côtes tunisiennes depuis de nombreux mois.
Ainsi un chalutier tunisien a récupéré 19 corps après le naufrage d’une embarcation à 58 kilomètres au large de la côte, tandis qu’une patrouille des garde-côtes a retrouvé huit corps au large de la ville côtière de Mahdia, et secouru 11 migrants dont l’embarcation qui se dirigeait vers l’Italie a chaviré. Deux autres corps supplémentaires ont été récupérés.
Ce sont donc au moins 29 migrants au total, tous en provenance de pays d’Afrique subsaharienne, qui sont décédés, noyés dans le naufrage de trois embarcations au large de la Tunisie, ont annoncé les garde-côtes le 27 mars. Ces derniers ont par ailleurs « secouru onze migrants illégaux de plusieurs nationalités africaines après le naufrage de leurs embarcations » au large de la côte du centre-est de la Tunisie, selon un communiqué qui fait état de trois naufrages distincts.
Série noire et tractations italo-européennes
Plusieurs dizaines de migrants sont morts dans une série de naufrages et d’autres sont portés disparus depuis le discours extrêmement polémique, le 21 février, du président Kais Saïed sur l’immigration clandestine. Suite à ce discours, un bon nombre des dizaines de milliers de ressortissants d’Afrique subsaharienne recensés officiellement en Tunisie, pour la plupart en situation irrégulière, avaient perdu du jour au lendemain leur travail, généralement informel, mais aussi leur logement, du fait d’une campagne contre les clandestins.
La plupart des migrants africains arrivent en Tunisie, point de passage pour tenter ensuite d’immigrer clandestinement par la mer vers l’Europe, certaines portions du littoral tunisien se trouvant à moins de 150 kilomètres de l’île italienne de Lampedusa.
La Première ministre italienne Giorgia Meloni (droite radicale) a appelé vendredi à Bruxelles à soutenir la Tunisie, confrontée à une grave crise financière, sous peine de « déclencher une vague migratoire sans précédent » vers l’Europe. La dirigeante italienne a également confirmé un projet de mission italo-française en Tunisie à laquelle participeraient les ministres des Affaires étrangères italien et français, ce que le président Emmanuel Macron a confirmé dans la foulée.
Le chef de la diplomatie européenne, Josep Borrell, avait averti le 20 mars courant que la situation en Tunisie était « très dangereuse », évoquant même un risque d’« effondrement » de l’État susceptible de « provoquer des flux migratoires vers l’Union européenne ». La qualifiant de « disproportionnée », Tunis avait cependant rejeté cette analyse.