Michel Boujenah au cœur d’une vive polémique
Programmé pour le 19 Juillet au festival de Carthage, “Ma vie rêvée”, le spectacle de Michel Boujenah déclenche une vive polémique au sein des plus hautes sphères de la société civile en Tunisie. Explications.
Depuis plusieurs jours, Tunis est secouée par une polémique aux proportions invraisemblables. Entre guerre contre la corruption, vague d’arrestation des “mafieux”, opération “mains propres” et ratissage des régions montagneuses à la recherche de cellules terroristes… C’est la tenue du spectacle de l’humoriste français Michel Boujenah qui agite autant la société civile tunisienne.
Tous les billets de “Ma vie rêvée” ont été vendus, de quoi satisfaire l’humoriste juif né à Tunis il y a 65 ans. Sauf que le spectacle de l’enfant du pays a fait couler beaucoup d’encre aussi bien sur les réseaux sociaux que dans les pages des journaux tunisiens. Entre ceux qui appellent au boycott de l’humoriste et ceux qui le défendent, en passant par ceux qui réclament l’annulation de son spectacle… Le débat est loin d’être clos.
L’appel au boycott
C’est le mouvement BDS (boycott, désinvestissement, sanctions) qui est à l’origine du boycott du spectacle de Michel Boujenah. Rappelons que ce mouvement milite dans le monde entier à travers des actions d’appels aux boycotts commerciaux, universitaires ou culturels dans le but de faire pression sur Israël. Les militants tunisiens du mouvement estiment donc que l’humoriste ne serait pas le bienvenu à cause de ses positions sionistes.
La position de l’UGTT
La puissante centrale syndicale l’UGTT (Union Générale Tunisienne du Travail), bénéficiaire du Prix Nobel de la paix en 2015 pour avoir permis, en collaboration avec d’autres organisations, de maintenir la paix sociale et faciliter la transition politique après la révolution (2011) a, elle aussi, fait part de sa position concernant la venue de Michel Boujenah. L’UGTT a clairement appelé à l’annulation du spectacle, à cause de ses propos sionistes. Dans un communiqué (en arabe), la centrale syndicale a tout de même tenu à préciser que cette demande d’annulation n’avait strictement rien à voir avec le fait que Michel Boujenah soit juif.
Des avis partagés
Sur les réseaux sociaux les avis sont partagés. Certains appellent, effectivement, au boycott de l’artiste à cause du fait qu’il soit pro-sioniste, pro-israélien. D’autres au contraire, soutiennent Michel Boujenah en mettant en avant son attachement pour son pays natal et ses multiples éloges de la Tunisie dans les médias français et étrangers. “Mon amour pour la Tunisie est indéfectible et ceux qui me connaissent savent que je ne milite que pour la paix, depuis toujours” a-t-il déclaré dimanche 9 juillet à Nice Matin.
Michel Boujenah et Israël
Michel Boujenah n’a jamais caché son attachement à Israël. D’ailleurs, lors de nombreuses interviews, il a souvent parlé en faveur de l’Etat hébreu.
En 2009, notamment lors d’une interview avec Gilles Sitruk, journaliste et auteur israélien, il avait affirmé son admiration pour Israël. “Mon regard sur Israël et sur les israéliens est […] à la fois critique et déchiré par mille contradictions, mais aussi très admiratif” avait-il dit. Il avait également déclaré : “Je me sens juif, français, tunisien, sioniste et très proche d’Israël, tout en étant militant d’un Etat palestinien…”.
En 2010, Michel Boujenah signe une tribune intitulée “le boycott d’Israël est une arme indigne”, parue dans Le Monde, contre l’appel du boycott.
Par-delà la polémique, le spectacle “Ma vie rêvée” de Michel Boujenah est maintenu pour le 19 Juillet, au musée de Carthage.
Emna Guizani
Article associé: http://www.lecourrierdelatlas.com/tunisie-conflit-israelo-palestinien-essebsi-et-abbas-pour-une-solution-a-deux-etats-8645