Manifestation anti régime militaire égyptien
Quelques dizaines de manifestants, appartenant pour la plupart à des mouvements de gauche, ont manifesté lundi 25 avril 2016 à la mi-journée dans le quartier de Montplaisir devant l'ambassade égyptienne à Tunis. Ils font écho aux manifestations anti al Sissi qui ont lieu en ce même jour aux quatre coins de l'Egypte réclamant la destitution du dictateur égyptien.
Durcissement de la dictature
Pour rappel les forces de sécurité égyptiennes ont arrêté dans ces dernières 48 heures des dizaines de personnes dont des avocats et des militants des droits de l'Homme avant une grande manifestation anti régime prévue au Caire aujourd’hui 25 avril.
Ce collectif vient de publier une liste d’une soixantaine de personnes interpellées depuis jeudi 21 avril. « La campagne d'arrestations se poursuit », précise la même source.
Des témoins et le collectif d'avocats ont dénoncé des rafles arbitraires que de nombreux militants ont été arrêtés jeudi soir alors qu'ils se trouvaient sur des terrasses de café, dans le centre du Caire.
Manifestations surprise
Plusieurs groupes d'opposition dont le mouvement du 6 Avril, chef de file de la contestation populaire qui chassa le président Hosni Moubarak du pouvoir début 2011, avaient appelé à une manifestation le 25 avril contre la politique menée par le président Abdel Fattah al-Sissi.
Initialement, ils s'insurgent contre la rétrocession à l'Arabie saoudite des deux îlots inhabités de Tiran et Sanafir au large de la péninsule du Sinaï. Plus d'un millier de personnes avaient manifesté le 15 avril dans le centre du Caire en demandant la « chute du régime » du président Sissi, le plus grand rassemblement de contestation du pouvoir depuis deux ans.
Officiellement organisé pour protester contre la rétrocession des deux îlots de la mer Rouge, le rassemblement s'était transformé en contestation du régime. La manifestation avait été organisée à l'appel de militants de gauche et laïcs. Mais les protestataires avaient été dispersés par la police à coup de gaz lacrymogène.
Parmi les personnes arrêtées ces dernières 24 heures figure le célèbre militant des droits des travailleurs et avocat Haitham Mohamedin, a indiqué l'avocate Rajia Amrane, membre du collectif. Au prétexte d’état d’urgence, la loi égyptienne interdit tout rassemblement public qui ne serait pas préalablement autorisé par le ministère de l'Intérieur.
Le président Sissi essuie depuis quelques mois de nombreuses critiques pour sa gestion de la crise économique et la persistance des violences policières, tandis qu’Amnesty International dénonce une répression sans précédent contre les ONG.
Abdel Fattah al-Sissi est accusé par d’autres organisations internationales de défense des droits de l'Homme d'avoir instauré un régime ultra-autoritaire, réprimant implacablement toute opposition qu'elle soit islamiste, laïque ou libérale.
Pourtant, aujourd’hui encore à Tunis, berceau des révolutions arabes, la foule compacte a manifesté en ordre dispersé. En cause, le malaise provoqué par les slogans des militants de gauche ayant appelé à la manif : « A bas tous les traîtres, militaires, « foulouls » (ancien régime) et Frères musulmans.
« Cela n’a pas de sens », peste un manifestant pro Morsi, qui rappelle que l’islam politique a été décimé en Egypte et que la plupart de ses militants sont soit en prison, soit disparus, soit sous le coup d’une peine de mort.
Partout en Egypte des manifestations spontanées ont éclaté dans les places publiques malgré les menaces de répression. Le pays entre dans une crise politique dont l’issue est plus qu’incertaine.
S.S