Mandat de dépôt contre l’homme d’affaires Chafik Jarraya
Le juge d’instruction près le Pôle judiciaire et financier a émis le 29 août un mandat de dépôt à l’encontre du tumultueux Chafik Jarraya, pour malversation, a indiqué Fayçal Jadlaoui, l'avocat de l'homme d'affaires. Il s’agit d’un développement de taille, dans la mesure où cela permet, a posteriori, d’inclure l’arrestation de Jarraya dans ce que le gouvernement appelle sa « guerre contre la corruption ».
L’avocat de l’homme d’affaires a indiqué que le juge d’instruction s’est rendu sur les lieux de détention de son client, assigné à résidence dans une demeure du gouvernorat de Nabeul appartenant à l’Etat, mais que son client n’a cependant pas pu se présenter à l’audition pour des raisons de santé, et a que le magistrat pris connaissance de « la détérioration de l’état de santé » de Chafik Jarraya. Dépressif, ce dernier observerait en effet une grève de la faim depuis plusieurs semaines pour protester contre ce qu’il considère comme une détention illégale.
Cela n’a toutefois pas empêché le juge d’émettre un mandat de dépôt contre Chafik Jarraya et de reporter son audition au 12 septembre prochain, la demande d'évaluation psychiatrique de son avocat n'ayant pas abouti.
Pour rappel, Jarraya avait été arrêté le 23 mai dernier, au cours d’une campagne d’arrestations menée à l’initiative du gouvernement contre des personnes suspectées de corruption, de contrebande et d’implication présumée dans des réseaux de l’économie parallèle. La saisie des biens des intéressés a par ailleurs été entreprise par une commission de confiscation.
Des décisions d’assignation à résidence ont été prises à leur encontre sur la base « d’indications prouvant leur implication dans des infractions susceptibles de menacer dangereusement la sécurité et l’ordre public », selon le ministère de l’Intérieur, malgré les protestations d’une partie de la société civile qui dénonce « des mesures inconstitutionnelles ».
C’est la justice militaire qui avait diligenté, dans un premier temps, une enquête contre Chafik Jaraya et délivré un mandat de dépôt à son encontre. Le parquet militaire l’accuse de d’« atteinte à la sûreté de l’Etat », « trahison » et « intelligence avec une puissance étrangère en temps de paix ». Des chefs d’inculpation passibles de la peine de mort.
Tardive, l’accusation de malversation vient consolider, selon la défense de Jarraya, un dossier en vue de garantir le maintien en détention du magnat décomplexé à l’approche des élections municipales, lui qui est souvent associé à l’interférence de l’argent politique en période électorale.
S.S