Lutte anti-corruption, Chahed maintient le cap

 Lutte anti-corruption, Chahed maintient le cap


Face à une majorité parlementaire en pleine reconfiguration, le chef du gouvernement Youssef Chahed a réitéré devant l’Assemblée sa fermeté en matière de lutte anti-corruption, un thème consensuel et rassembleur par lequel il compte réaffirmer son autorité sur l’exécutif. Son allocution à l’occasion du projet de loi de finances avait des allures de discours de politique générale. 



Le plaidoyer de Chahed intervenait à la suite de 7 longues heures de questions des parlementaires


 


Le quadragénaire a martelé à ce titre que la justice demeure une « composante essentielle de cette guerre ouverte » indissociable de la détermination de son cabinet à poursuivre la lutte contre la corruption dont il ne se lasse pas de rappeler qu’elle est une politique d’Etat dans la durée, plutôt qu’une opération coup de poing ponctuelle.


D’où « l’augmentation, pour la première fois, du budget du ministère de la Justice, la hausse des salaires des magistrats et la mobilisation de fonds pour le Pôle judiciaire et financier » qui sont autant de signes qui reflètent la volonté de combattre ce fléau », a explicité Chahed lors de son allocution de clôture de la plénière de l’Assemblée des représentants du peuple.


Le discours était consacré à la loi de Finance et à la déclaration du gouvernement sur le projet de budget de l’Etat au titre de l’année 2018, mais non sans quelques messages politiques en filigrane, y compris destinés à ses détracteurs. « L’union nationale exige de nous que nous laissions de côté les luttes pour tel ou tel poste ministériel » a-t-il lancé.


Les spéculateurs dans le collimateur fiscal


Autre message de fermeté, les spéculateurs financiers seront une nouvelle cible pour la Kasbah dans sa guerre anti-corruption qui agrandit ainsi son champ sémantique en la matière. « Nous serons intraitables face aux spéculateurs, nous les pourchasserons là où ils se trouvent ! » a averti Chahed.


Répondant aux interrogations de certains députés, le chef du gouvernement a indiqué qu’il n’est pas possible à l’heure actuelle d’évoquer des affaires de corruption concernées par le secret de l’instruction, assurant toutefois que la justice s’est saisie de ces dossiers.


Chahed a en outre souligné que le gouvernement a honoré ses engagements économiques envers l’Instance supérieure indépendante pour les élections (ISIE) pour organiser des élections municipales dans les délais impartis, une façon de botter en touche concernant d’éventuels nouveaux retards dans la tenue d’élections municipales. Des élections qui pourraient ne se tenir finalement qu’en avril prochain, de l’aveu même du nouveau président de l’ISIE hier mardi à Carthage.


« Le gouvernement a mis en place des tribunaux administratifs dans les régions et mobilisé les fonds nécessaires pour la réussite de ce rendez-vous électoral », s’est prévalu Chahed.


Après avoir soutenu pendant plusieurs mois que le recrutement dans la fonction publique était dorénavant gelé, le chef du gouvernement a par ailleurs affirmé que le projet de budget de l’Etat au titre de l’année 2018 comporte 3.000 nouveaux recrutements dont ceux des instituteurs remplaçants.


Menacé de remplacement selon l’opposition qui accuse le Palais présidentiel de comploter pour un départ précoce de Chahed à l’image de son prédécesseur, le chef du gouvernement tend à faire de la guerre contre la corruption un thème de pré-campagne avant l’heure, ce qui le met de facto en orbite pour la présidentielle de 2019.


 


S.S