Tunisie. L’union européenne lève le gel des avoirs de proches du clan Ben Ali

 Tunisie. L’union européenne lève le gel des avoirs de proches du clan Ben Ali

Bruxelles a décidé, une nouvelle fois, le 8 octobre dernier, de lever le gel des avoirs de deux membres du clan de l’ancienne première dame Leila Trabelsi et de l’ex-dictateur Zine El Abidine Ben Ali. Révélant l’info deux jours plus tard, l’ONG de vigilance I-Watch explique qu’il s’agit en réalité d’une extension du domaine de la levée de ces sanctions financières.

 

C’est en effet la troisième fois consécutive en deux ans que la Tunisie échoue à récupérer les fonds mal acquis précise l’ONG qui déplore que, malgré ses nombreuses mises en garde émises au cours de ces dernières années, relatives à l’intention de l’Union européenne de lever le gel des fonds et des biens des membres de la famille de l’ancien président Zine El Abidine Ben Ali, les autorités tunisiennes n’ont manifestement pas su agir à temps.

 

Dix individus concernés

En dépit du dégel, au cours des deux dernières années, des biens de pas moins de dix personnes « l’État tunisien n’a rien fait pour arrêter l’hémorragie de la levée du gel », regrette par ailleurs la même source. Ainsi, selon le site « Eur Lex » permettant une traçabilité officielle de ces mesures, l’Union européenne a décidé le 8 octobre 2024 de lever le gel des fonds de Moez Trabelsi, ainsi que de Houssem Trabelsi, deux neveux de Leila Trabelsi.

Pour I-Watch, bureau tunisien de Transparency international, « la persistance de l’UE dans ces décisions de déblocage de fonds n’est qu’un résultat inévitable de l’échec de la diplomatie tunisienne, et d’un effondrement de la rhétorique populiste du pouvoir, lui qui a pourtant toujours revendiqué sa volonté de restauration des fonds spoliés au peuple tout comme sa certitude de récupérer ces richesses ».

L’ONG impute également la responsabilité de cet « échec retentissant » au ministère des Affaires étrangères, de l’Immigration et des Tunisiens de l’étranger, estimant que son ministre est à la tête de la Commission spéciale créée par la présidence de la République et chargée de recouvrer les fonds spoliés se trouvant à l’étranger. « Il n’a visiblement pas pris l’affaire suffisamment au sérieux après sa dernière réunion avec le comité depuis le 14 septembre 2023, en l’absence de rapport sur ses activités », toujours d’après l’organisation.

Depuis que sa demande d’accréditation pour observer l’élection présidentielle du 6 octobre 2024 a été refusée par l’autorité électorale, I-Watch est à son tour dans le collimateur de la justice tunisienne concernant des « financements étrangers suspects ».