Tunisie. L’Ordre des médecins annule l’augmentation de ses tarifs
Fin 2024, le Conseil national de l’Ordre des médecins de Tunisie avait dans un premier temps approuvé une augmentation des tarifs des médecins du secteur privé, applicable à partir du 1er janvier 2025. Mais face à la levée de boucliers générale, l’Ordre fait finalement machine arrière.
Selon la nouvelle grille tarifaire, la consultation chez un médecin généraliste, en présentiel ou à distance, était censée coûter désormais entre 40 dinars tunisiens (minimum) et 55 dinars (maximum), tandis qu’elle se serait établi à entre 55 et 80, chez un spécialiste, soit une augmentation d’environ 10dt en moyenne, avait tempéré les auteurs de la proposition. Tollé notamment sur les réseaux sociaux et la rue tunisienne qui ont aussitôt dénoncé « 10 dinars de trop ».
Rétropédalage « volontaire »
Le président du Conseil national de l’Ordre des médecins (CNOM), Ridha Dhaoui, a affirmé le 16 janvier qu’une décision de renoncer à la nouvelle augmentation des tarifs des prestations des médecins du secteur privé a été prise par l’Ordre des médecins, de sa propre initiative, suite aux doléances des citoyens et en considération de leur situation sociale.
Lors d’une conférence de presse tenue au siège du CNOM, Dhaoui a ainsi démenti que son organisation ait reçu une quelconque demande officielle ou gouvernementale pour maintenir les anciens tarifs, ajoutant que l’annulation de la nouvelle tarification a été décidée de manière souveraine, « suite au rejet exprimé par les citoyens de la nouvelle augmentation », en plein contexte inflationniste.
Le président du Conseil s’est dit confiant que les médecins du secteur privé respecteront la décision de maintenir les anciens tarifs des prestations médicales, rappelant que la loi accorde au CNOM les prérogatives de les fixer. « La CNOM dispose également de mécanismes disciplinaires, en cas de non-respect des tarifs », a-t-il cependant rénchéri.
Ridha Dhaoui a par ailleurs reconnu que la décision d’annuler l’augmentation des tarifs a suscité le mécontentement des médecins. Il a néanmoins estimé que l’annulation de l’augmentation des tarifs des prestations médicales dans le secteur privé est en adéquation avec au rôle social de la CNOM qui a vocation à favoriser le droit des citoyens à l’accès aux soins. Une décision en somme fondée sur ce qu’il qualifie de « compréhension profonde de la situation sociale des citoyens ».
Selon Dhaoui, l’annulation de cette augmentation vise à contenir l’impact de l’inflation sur les prestations médicales, bien que la dernière augmentation des tarifs remonte à 2019. A-t-il pour aitant reçu des pressions politiques en ce sens, impossible de le savoir pour l’heure.
Le président du CNOM a enfin concédé que le dialogue au sein des structures du Conseil national de l’Ordre des médecins a conduit à la nécessité de rechercher des solutions plus profondes permettant aux médecins du secteur privé de bénéficier d’une rentabilité, d’une part, et de répondre aux aspirations des citoyens en matière de soins, d’autre part, ajoutant que l’Ordre des médecins a procédé à la réduction de la taxe sur la valeur ajoutée dans les tarifs de prestation médicale « afin d’aider les patients ». Il a indiqué que le CNOM entamera un dialogue avec le ministère des Finances en vue de réduire la TVA à même d’alléger les charges en matière de soins.