Tunisie. L’opposante Chaima Issa comparait devant la justice militaire
L’examen de l’affaire de Chaima Issa, dirigeante au sein du Front de salut national, a été reporté au 12 décembre 2023, à la demande de la défense, a fait savoir l’avocate Dalila Ben Mbarek Msaddek, membre de son comité de défense.
Cette dernière a ainsi indiqué que Chaima Issa comparaissait en état de liberté, devant la chambre criminelle près le Tribunal militaire permanent de première instance de Tunis, sur fond de simples déclarations accordées à une chaîne radio. Plusieurs avocats, dont Lazhar Akremi, opposant lui-même poursuivi, ont rejoint le comité de défense et demandé le report de l’examen de cette affaire pour pouvoir consulter le dossier de leur cliente, précise la même source.
Le collectif de défense a rappelé dans un communiqué publié hier que Chaima Issa est accusée d’avoir porté « offense à la personne du président de la République », « d’incitation des militaires à la désobéissance » ainsi que de « propagation de fausses nouvelles et rumeurs dans le but de nuire à la sûreté publique », des accusations fleuves en marge d’un entretien accordé à une chaine de radio.
Arrêtée par les forces de police le 23 février 2023, Chaima Issa avait pour rappel quitté la prison de la Manouba dans la soirée du 13 juillet dernier sur décision de la chambre des mises en accusations, sans que cette dernière ne motive sa décision, le dossier de Issa étant analogue à celui de dizaines d’autres opposants encore en détention sur la base de la même inculpation relative au « complot contre la sûreté de l’Etat ». Quelques jours plus tard elle était interdite par la même juridiction de toute apparition dans les espaces publics et les médias, interdiction qu’elle a récemment bravée en participant notamment à des marches pour le soutien à la Palestine.
Arrestation supplémentaire d’un opposant « high profile »
Dans la même journée d’hier mardi nous apprenions que le militant et coordinateur général du parti Al Qotb, Riad Ben Fadhel, a été arrêté dans la matinée du 14 novembre 2023 à l’aéroport Tunis-Carthage, alors qu’il rentrait de voyage.
Son parti précise dans un communiqué publié hier soir que Riad Ben Fadhel a été conduit à la caserne d’El Aouina, ajoutant qu’on lui a signifié qu’il serait placé en garde à vue pendant cinq jours « sans lui communiquer les faits qui lui sont reprochés ».
Le parti condamne une judiciarisation de la vie politique via des tribunaux d’exception et « des pratiques dignes de la dictature de l’ancien régime », tout en faisant part de sa « solidarité absolue » avec son coordinateur général. Al Qotb incite en outre l’ensemble de ce qui reste des partis d’opposition et des ONG de la société civile à faire face à « la répression et à persécution des opposants afin de les faire taire et les intimider ».
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