Tunisie. Libération de Nabil Karoui à l’expiration de sa détention provisoire
Le collectif de défense de l’homme d’affaires et président du parti Qalb Tounes, Nabil Karoui, s’est félicité dans l’après-midi du mardi 15 juin de la décision de la Cour de Cassation de libérer leur client, placé en détention depuis décembre 2020.
Arrêté pour blanchiment d’argent et évasion fiscale, « Nabil Karoui fait l’objet d’une détention illégale depuis l’expiration de sa détention provisoire, fixée par la loi à une période maximale de 180 jours », martelait sa défense depuis début juin.
L’avocat Ramzi Ben Debba a déclaré que la haute juridiction a finalement annulé un jugement antérieur de prolongation de la détention de Karoui. La chambre de mises en accusation près la Cour d’appel avait en effet maintenu l’ordonnance rendue par le juge d’instruction du Pôle judiciaire économique et financier portant prolongation de quatre mois de la période de détention de Nabil Karoui, à compter du 5 mai 2021.
Ben Debba a notamment expliqué que les membres du collectif ont « révélé de nombreuses violations » ayant selon lui entaché le dossier de leur client, dont la falsification présumée d’un rapport d’expertise.
Depuis, l’intéressé avait entamé une grève de la faim, et son parti, arrivé deuxième aux législatives de 2019, avait publié lundi une déclaration où il exprime sa vive inquiétude face à la dégradation de l’état de santé de Karoui et son transfert à l’hôpital.
Intervenant le même jour que l’entame d’un semblant de dialogue national par le président Kais Saïed qui a réuni 4 chefs de gouvernement (3 anciens et celui en exercice), cette libération, même provisoire, alimente déjà de nombreuses spéculations quant à son « opportune concomitance » avec une éventuelle détente du côté du Palais de Carthage. Pour le député Iyadh Elloumi, « les magistrats sont faillibles et peuvent aligner leur politique pénale sur la teneur vindicative et puritaine des propos du chef de l’Etat ».
Une affaire toujours devant la justice sur le fond
Un juge d’instruction avait déjà décidé en février dernier de la mise en liberté provisoire de Nabil Karoui sous caution de dix millions de dinars, une somme que n’avait alors pas pu réunir le fondateur de Nessma TV, ses fonds étant pour la plupart gelés.
Pour rappel, la Cour de cassation avait par ailleurs ordonné le 9 octobre 2019 la libération de Nabil Karoui, homme d’affaires placé en détention le 23 août de la même année. La juridiction avait alors déclaré la requête déposée par le collectif de défense de Nabil Karoui recevable sur le fond et la forme. Mais, complexe, le dossier a rattrapé le magnat des médias fin 2020 quand il a à nouveau été placé en détention.
L’ONG de vigilance « I Watch » avait déposé une plainte dès le 2 septembre 2016 près le Pôle judiciaire, économique et financier contre les deux frères Karoui pour suspicion de blanchiment d’argent par l’intermédiaire des sociétés qu’ils détiennent au Maroc, en Algérie et au Luxembourg.
Mais l’arrestation de Nabil Karoui avait suscité une vive polémique surtout à la proclamation, par l’instance électorale ISIE, en septembre 2019, des résultats du premier tour de la présidentielle et l’accès du candidat Karoui au second tour de la présidentielle.