Les magistrats décrètent une journée de la colère

 Les magistrats décrètent une journée de la colère


Le récent encerclement d’un tribunal par des forces de l’ordre pour en intimider les juges est un grave précédent qui n’a pas fini d’avoir des conséquences. L’Association des magistrats tunisiens a décrété aujourd’hui jeudi 1er mars 2018, « journée nationale de colère » suite à ces évènements survenus le 26 février au Tribunal de première instance de Ben Arous.


Cette matinée-là, des agents et officiers des forces de l’ordre, armés, en uniforme et en civil, avaient pour rappel envahi le Tribunal en guise de protestation contre le procès en comparution immédiate dont faisaient objet leurs collègues auditionnés dans une affaire de torture.


Depuis des photos ont émergé montrant les traces de torture présumée en question (arrachage partiel d’ongles de la main en l’occurrence, une pratique que l’on croyait révolue), et l’Instance nationale de prévention contre la torture (INPT) a également réagi via un communiqué, rappelant le caractère anti constitutionnel de ces pratiques si elles sont avérées.  


L’action des forces de l’ordre a suscité la colère du corps judiciaire qui a estimé qu’il s’agissait là d’une tentative manifeste de faire pression sur les juges et d’entraver la justice.


L’AMT a par conséquent appelé les magistrats à retarder de deux heures le début des audiences dans tous les tribunaux du territoire et exhorté les juges à participer au sit-in qui s’est tenu à 10h00 devant le Tribunal de première instance de Ben Arous.


Les magistrats ont aussi été rejoints par des avocats appartenant à la Ligue tunisienne des droits de l’homme, comme pour mieux se démarquer de leurs collègues du barreau qui s’étaient alignés sur la défense, en soutenant les forces de l’ordre.


 


Seif Soudani


 


Lire sur le même sujet : Tunisie. Les syndicats des forces de l’ordre menacent-ils l’Etat de droit ?