Tunisie. Les festivités du pèlerinage juif de la Ghriba annulées
Jusque l’an dernier, les agences de voyage se félicitaient du fait que « le pèlerinage de la Ghriba soit un message fort pour la Tunisie, son image et son tourisme »
Sa tenue était déjà fort compromise du fait de l’attaque meurtrière qui avait endeuillé l’édition de mai 2023, mais la situation à Gaza a achevé de sceller le sort du pèlerinage de cette année sur l’île de Djerba. Le comité de la grande synagogue de la Ghriba a décidé l’annulation des festivités qui accompagnent le pèlerinage annuel juif de la Ghriba, apprenait-on hier. Seuls les rituel religieux se feront à l’intérieur de la Synagogue.
Selon les organisateurs 5.000 à 8.000 pèlerins, essentiellement venus de l’étranger (souvent d’Israël en passant par une escale turque) avaient pris part à cette importante fête juive l’an dernier en Tunisie. Cependant, même sans les récents évènements de la guerre de Gaza, ce record n’allait vraisemblablement pas être atteint pour de longues années, les familles des victimes dont un français et un franco-tunisien, reprochent encore aux autorités tunisiennes « une attitude ambiguë », ne reconnaissant pas le caractère « terroriste » de la fusillade du 9 mai 2023.
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En plus de ces deux morts, l’assaillant, un gendarme de la Garde national, avait tué deux des siens et fait une dizaine de blessés sur son chemin, avant d’être abattu. Face à l’embarras, la présidence de la République avait également versé dans le déni de tout caractère antisémite de l’attentat.
Fervent soutien de la cause palestinienne, le président Kaïs Saïed a récemment dénoncé un « génocide » en cours dans la bande de Gaza et a ordonné l’accueil à Tunis de plusieurs dizaines de blessés palestiniens.
Annulation partielle
Le pèlerinage devait cette année se tenir du 24 au 26 mai, mais il « se limitera aux rites religieux, « compte tenu du contexte international », ont fait savoir les organisateurs. Cela était somme toute prévisible : en raison des tensions depuis l’éclatement de la guerre entre Israël et le Hamas dans la bande de Gaza, le pèlerinage juif se limitera cette donc année aux rituels religieux dans l’enceinte même de la synagogue, la plus ancienne en Afrique, qui attire habituellement des milliers de fidèles juifs du monde entier.
Un communiqué précise que « le pèlerinage n’est pas annulé »… « La sécurité sera renforcée en raison du contexte [la guerre entre Israël et le mouvement palestinien Hamas à Gaza], et aussi après ce qui s’est passé l’an dernier », a poursuivi l’organisateur. D’ordinaire, le pèlerinage est marqué par une procession à caractère très festif derrière une grande ménorah, le candélabre juif, montée sur trois roues et décorée de tissus colorés.
D’après cette même source, « il n’y aura pas ce côté festif, mais seulement la possibilité de venir prier dignement et d’allumer des cierges, néanmoins tout se déroulera à l’intérieur de la synagogue ». Il y aura probablement peu de visiteurs de l’étranger, car il n’y aura pas de voyages organisés. Les éventuels visiteurs viendront « uniquement à titre individuel ».
On rappellera que la synagogue de la Ghriba – dont la construction remonterait au VIe siècle avant J.-C. – avait aussi été visée en 2002 par un attentat suicide au camion piégé qui avait fait vingt et un mort. Alors que le pays comptait, avant l’indépendance en 1956, plus de 100 000 juifs, ce chiffre est tombé à environ un millier de membres. Avant cela, en 1985, la synagogue est une première fois touchée par une attaque lorsqu’un soldat tunisien chargé de maintenir l’ordre qui avait ouvert le feu dans l’enceinte de la Ghriba et tué cinq personnes, dont quatre pèlerins Juifs.
