Les colossaux enjeux économiques et politiques de la Conférence « Tunisia 2020 »

 Les colossaux enjeux économiques et politiques de la Conférence « Tunisia 2020 »


Des forces de l’ordre fébriles et sur le qui-vive quadrillent le centre-ville de la capitale : plus que cinq jours nous séparent du démarrage de la conférence internationale sur l’investissement où pas moins de 145 projets seront présentés le lundi 29 novembre 2016, dont 64 projets publics, 33 projets de partenariat public-privé et 43 projets privés. 70% des projets d’infrastructures sont dédiés aux régions intérieures. Selon une source gouvernementale, le coût de ces projets s’élève à 78 milliards de dinars (soit 32 milliards d’euros).


Si le gouvernement Youssef Chahed s’apprête à en engranger les gains politiques, l’idée de l’organisation de la conférence internationale sur l’Investissement avait en réalité émané de l’ex-gouvernement de Habib Essid. Ce dernier avait en effret déclaré dès la 27 avril 2016, à l’occasion de la conférence organisée par l’Institution Carnegie pour la Paix, qu'une conférence internationale de donateurs sera organisée, initialement prévue pour septembre 2016 « pour présenter les grands projets publics à réaliser au cours des cinq prochaines années ». La date de la conférence désormais dédiée à l'investissement a ultérieurement été fixée pour les 29 et 30 novembre 2016.


A Tunis, si certains travaux d’infrastructure ont été achevés sur des tronçons de ponts et routes qui verront passer les délégations des investisseurs étrangers, d’autres n’ont pas pu être finalisés à temps, et donneront quoi qu’il en soit l’image d’un pays en pleine reconstruction engageant de grands travaux keynésiens.  


Quelques bavures plicières ont été enregistrées hier mercredi dont des contôles agressifs, au faciès, attestant de la fébrilité de la police à l'approche de l'évènement.


« Des projets seront lancés par le gouvernement et par le secteur privé alors que des accords seront signés pour le financement de projets gouvernementaux par le secteur privé », selon Fadhel Abdelkefi, le fraîchement investi ministre du Développement, de l'Investissement et de la Coopération internationale, un homme contesté pour ses liens de parenté avec Ahmed Abdelkefi, l’un des dirigeants de la Banque centrale tunisienne.


La même source espère que « des entreprises étrangères seront de retour en Tunisie et des anciens projets bloqués seront relancés dans plusieurs régions », précisant que ces projets concernent notamment le textile, les services, et même l’industrie mécanique et aéronautique, avec la présence de Victor Baruzzini, Supplier Base Manager au sein de Boeing…


2500 participants dont la moitié venant de l’étranger et 40 délégations officielles devront prendre part à la Conférence Internationale sur l’investissement et qu’un mécanisme sera mis en place pour le suivi des résultats de cette conférence. D’après Olivier Poivre d'Arvor, plus de 30 entreprises françaises seront représentées. La France entend donc consolider sa place de premier partenaire commercial de la Tunisie.


Selon plusieurs observateurs politiques, si pour une raison ou une autre la conférence échoue dans la levée des fonds prévue, opposition et analystes économiques sauront scruter les faits et les résultats au-delà du tapage marketing autour de l’évènement, « s’en serait alors fini du gouvernement Chahed » qui a tout misé sur cet event, « un gouvernement ne tiendra pas longtemps » selon Jaouhar Mbarek. Un gouvernement décimé par les grèves dans les secteurs névralgiques et les fractures à n’en pas finir de Nidaa Tounes, parti au pouvoir.


Le déficit du compte courant est resté élevé en 2015, à 8,7 % du PIB du pays. En 2016, le déficit pourrait atteindre 9% contre 8,3% initialement prévu, d'après le gouvernement.


Aperçu du programme sur le site officiel de la conférence.


 


S.S