Les chiffres insolites des législatives
Statistiques présentées en marge d’une conférence de presse de l’ISIE. Photo Seif Soudani / LCDA
Deux mois et une semaine nous séparent des élections législatives du 6 octobre. Avec l’expiration hier soir à 22h00 du délai de clôture du dépôt des listes candidates, les premiers chiffres viennent de tomber, et certains sont pour le moins étonnants, à l’image des 1572 listes électorales déposées auprès de l’ISIE.
Ainsi le nombre de candidats s’élève au total à quelques 14.177, répartis sur l’ensemble des listes, déclinés comme suit : 687 listes partisanes, 722 listes indépendantes, et 163 listes de coalition, selon une dernière mise à jour.
Au-delà de la prédominance des listes indépendantes, qui conforte une dynamique d’abandon des partis politiques classiques, tendance déjà observée lors des élections municipales de mai 2018, ces chiffres provoquent de nombreux commentaires.
« 15 mille candidats pour un peuple de 12 millions de Tunisiens… Ce sont des élections ou un concours d’entrée à la fonction publique ?! », peut-on lire au chapitre des réactions ironiques des internautes. D’autres au contraire avancent que cet empressement traduit un exercice sain, signe d’une bonne santé démocratique. D’autres encore s’interrogent à juste titre : « Si le travail parlementaire était bénévole et gratuit, autant de personnes se portraient-elles candidates ? »…
Le centre du pays prolifique en candidatures
Autre statistique édifiante, la palme de la circonscription totalisant le plus grand nombre de candidatures revient à Sidi Bouzid, un gouvernorat pourtant peu peuplé, berceau de la révolution, avec 75 listes candidates, suivi de Gafsa avec 70 listes et de Kasserine avec 68 listes, à comparer à la petite vingtaine de listes candidates à Monastir par exemple. Tandis que les circonscriptions des Tunisiens de l’étranger recueillent le plus petit nombre de listes candidates, avec 16 listes en Allemagne notamment.
Plus préoccupant, le nombre de partis ayant présenté des listes dans l’ensemble des circonscriptions du pays ne dépasse pas les 10 partis, ce qui révèle en soi le nombre réel de grands partis politique que compte le pays, d’autant que seuls 25 partis ont présenté des candidatures multiples (deux et plus).
Mieux, le nombre des partis ayant déposé une candidature unique dans une seule circonscription atteint quant à lui 175 partis… « Sommes-nous là en présence de partis politiques ou d’épiceries du coin ? », s’interroge à ce propos le politicien et homme d’affaires Lotfi Saibi.
10 partis ont quant à eux présenté des listes seulement dans les circonscription de l’étranger, ce qui fait dire à leurs détracteurs, amusés, qu’« ils comptent sans doute nous gouverner depuis l’étranger ».
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