Tunisie. Le taux d’inflation avoisine désormais les 10%
Selon les derniers chiffres de l’Institut national de la statistique (INS), l’inflation est passée de 9,2% au mois d’octobre, à 9,8% au mois de novembre dernier. Un taux en réalité loin de refléter l’inflation bien plus significative encore dans l’alimentation.
D’après la même source, les prix des services ont quant à eux subi une hausse de 6% tandis que ceux des produits manufacturés ont affiché une augmentation de 9,8%. Mais c’est surtout les prix de l’alimentation qui ont augmenté de 15,1% sur une année : ainsi les prix des œufs ont augmenté de 43,4% et ceux des légumes ont subi une hausse de 32,4%.
« Il me semble que l’inflation n’est plus maîtrisée en Tunisie. Le pays vit une situation d’inflation galopante avec une stagnation économique sévère. Il faut ajouter à cela les déficits dits jumeaux : le déficit budgétaire et le déficit de la balance des paiements », estime l’économiste Ezzedine Saïdane, « difficile à gérer, mais pas impossible », tempère-t-il, tout en rappelant que les réserves de change du pays sont tombées à 96 jours au 06 décembre 2022.
Les autorités se veulent rassurantes
Dans une intervention hier mardi, la ministre du Commerce Fadhila Rabhi a déclaré que l’inflation en Tunisie demeure cela dit moins élevée que celle enregistrée dans le monde et dans la zone euro où l’inflation a récemment dépassé les 10% :
« Nous sommes un pays qui importe la majorité de ses besoins de l’étranger, d’où cette inflation importée substantielle que nous subissons à notre tour, à cause de la hausse des cours mondiaux, de la multiplication par 7 voire 8 fois des prix du transport dans plusieurs domaines, sans oublier le glissement du dinar. Ces problématiques ne peuvent être résolues qu’à force de travail, via l’accroissement de notre production et donc nos exportations. Car lorsqu’on exporte, on peut importer ces produits avec des prix compétitifs. La crise est mondiale, nous subissons la conjoncture mondiale. Nous espérons dépasser cet état de fait grâce à nos efforts, mais aussi à un retour à l’investissement, à la création de richesses, ce qui permettra de baisser le coût et baisser le prix », a argué la ministre. Elle a par ailleurs considéré que « la hausse des prix en Tunisie est acceptable par rapport à d’autres pays ».
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S’agissant des pénuries, notamment dans le lait demi-écrémé qui a totalement disparu des étales, la responsable avance que « le manque de lait est dû à la hausse du coût des fourrages, ce qui s’est soldé par une baisse de la productivité du lait outre la vente illégale du cheptel aux pays voisins », insinue-t-elle à propos de l’Algérie voisine à qui le cheptel tunisien est massivement vendu à des prix avantageux ces derniers mois.
Une explication qui contredit celle, complotiste, martelée par le président de la République Kais Saïed, qui s’est rendu lundi de façon inopinée à Soliman dans la plus grande usine privée de lait du pays (groupe Délice Holding), en réitérant que selon lui le problème vient des spéculateurs et du stockage en vue de manipuler les prix.