Le suicide atteint un chiffre record en Tunisie

 Le suicide atteint un chiffre record en Tunisie

Abdessattar Sahbani

« 119 suicides et tentatives de suicide a été enregistrés au mois d’octobre 2016, un chiffre record depuis 2014 », et touchant des tranches d’âge de plus en plus jeunes, a déclaré mercredi le sociologue Abdessatar Sahbani, responsable de l’Observatoire Social Tunisien relevant du Forum Tunisien pour les Droits économiques et sociaux (FTDES).


Lors d’un point de presse tenu au siège du FTDES à Tunis pour présenter les rapports des mois de septembre et octobre 2016 sur le suicide en Tunisie ainsi que les mouvements de protestation collectifs et individuels, Sahbani a en outre tiré la sonnette d’alarme sur l’évolution des tentatives de suicide collectif durant les mois de septembre et octobre 2016.


« Il s’agit d’une nouvelle forme de protestation faisant du suicide collectif un outil tragique pour attirer l’attention, puisque les sit-in ne bénéficient plus d'une couverture médiatique », a-t-il regretté.


Sahbani a précisé qu’un total de 131 mouvements de protestation individuels a été enregistré au mois d’octobre dernier contre 113 au mois de septembre dont 103 cas de suicides et tentatives de suicide.


Au mois d’octobre, 63% des suicides ou tentatives de suicide ont été observés chez la tranche d’âge des 26-35 ans, tandis qu’au mois de septembre le plus grand taux, soit 49%, a été enregistré chez la tranche d’âge 36-45 ans, suivi de la tranche d’âge 26-35 ans qui a enregistré 34% de cas.


Deux suicides dans la tranche d’âge des plus de 60 ans (un homme de 81 ans et une femme de 90 ans) ont été également enregistrés au mois d’octobre (0 cas au mois de septembre), outre le suicide de 4 enfants âgés de moins de quinze ans durant la même période (1 seul cas au mois de septembre), a-t-il encore déploré.


S’agissant des mouvements de protestation collectifs, 855 protestations ont été enregistrées au mois d’octobre contre 674 mouvements au mois de septembre et 486 au mois d’août. Sur ces 855 protestations collectives, 396 sont « instantanées », 303 sont spontanées et 156 sont violentes.


Les mouvements de protestation se sont été essentiellement déclenchés pour des raisons administratives, éducatives et sociales au cours des deux mois de septembre et octobre.


Sahbani explique que les manifestations violentes tendent à augmenter dans le secteur éducatif tandis que les affrontements avec les forces de l’ordre ont été selon lui très limités.


La région de Kairouan a enregistré le plus important nombre de protestations collectives pendant les deux mois, suivie de Sousse en octobre et Kasserine en septembre ainsi que Gafsa pour les deux mois.


L’intervenant a estimé que les solutions sécuritaires, le silence ou le détournement des réalités ne font qu’aggraver et intensifier ces mouvements.


« Le traitement de tous ces dossiers est possible par la mise en place de solutions opérationnelles et réalisables sur le court et le moyen terme », a-t-il préconisé. 


 


S.S