Tunisie. Le président Saïed décrète une augmentation substantielle des pensions de retraite

 Tunisie. Le président Saïed décrète une augmentation substantielle des pensions de retraite

Le timing tout comme la nature de la mesure destinée aux catégories les plus démunies sont aussitôt décriés par l’ensemble de l’opposition tunisienne comme étant « à caractère purement électoraliste ».

Ainsi à moins de trois mois de l’élection présidentielle du 6 octobre prochain et au terme d’un mandat de cinq années dont trois de pouvoir absolu, le président de la République, Kais Saïed, a convoqué mardi 9 juillet 2024 sa ministre des Finances, Sihem Nemsia, et le ministre des Affaires sociales, Kamel Maddouri, pour statuer sur le sort des retraites de certaines catégories parmi les plus sinistrées de la population.

 

Augmentation de 33% des allocations accordées aux familles démunies

La réunion a essentiellement porté sur « la décision conjointe des deux membres du gouvernement », mais en réalité « basée sur un ordre du chef de l’État » comme ne manque pas de le souligner le communiqué de Carthage, relative à l’augmentation de 33,33% de l’allocation financière accordée aux catégories particulièrement démunies : elle passera à compter du mois de juillet courant d’un dérisoire 180 dinars à 240 dinars par mois. La majoration en question concernera pas moins d’environ 310 mille bénéficiaires d’une pension dite minimale.

Mais si la mesure coûtera au total 111,6 millions de dinars par mois au contribuable tunisien, ce montant n’est pas prévu dans le budget de l’État pour son exercice 2024, « ce qui dénote une certaine improvisation des politiques publiques désormais centralisées au Palais », ironise notamment un militant du parti d’opposition UPR, résigné à la popularité de cette décision verticale qui ne saura pas mise au crédit d’une quelconque négociation de la centrale syndicale avec le gouvernement Horchani.

De son côté le chef de l’Etat se justifie en avançant que cette augmentation « est imposée par l’urgence des circonstances actuelles, mais que la politique de l’État à l’avenir devra reposer sur une rupture définitive avec le passé, en s’appuyant avant tout sur les ressources propres du pays, sur une politique fiscale équitable, ainsi qu’un système de couverture sociale plus juste ».

Kais Saïed a par ailleurs abordé, à nouveau, la question du statut précaire de la sous-traitance dans les secteurs public et privé, en expliquant que « ce système est inhumain et ne peut être traité que de manière radicale ». Il a insisté sur l’impératif de la vigilance lors de l’élaboration des législations afin d’éviter à l’avenir toutes tentatives d’exploiter cette situation pour remplacer des travailleurs par d’autres. « Les travailleurs et les travailleuses sont des êtres humains ayant des droits qui doivent être concrétisés dans la réalité », a-t-il revendiqué dans un style « riche en slogans » selon ses détracteurs.

Le ministère des Affaires sociales avait pour rappel annoncé dès le 28 juin 2024 qu’en application de l’augmentation du salaire minimum garanti au titre de l’année 2024 de 7 %, avec effet rétroactif à partir du 1er mai 2024, les pensions du mois de juillet 2024 seront ajustées et comprendront les augmentations des mois de mai et juin 2024 et ce au profit des retraités affiliés à la Caisse nationale de sécurité sociale et des bénéficiaires de pensions d’invalidité attribuées par la Caisse nationale d’assurance maladie, et ce dans le cadre du régime de réparation des préjudices résultant des accidents de travail et des maladies professionnelles. Dernière catégorie bénéficiaire, les retraités affiliés à la Caisse nationale de retraite et de prévoyance sociale qui perçoivent des allocations de vieillesse et sont parmi les plus durement affectés par l’inflation galopante de ces derniers mois.