Le nouveau gouvernement Chahed 2.0, assuré de remporter le vote de confiance lundi

 Le nouveau gouvernement Chahed 2.0, assuré de remporter le vote de confiance lundi

Youssef Chahed devant le Parlement tunisien


Le bureau de l’Assemblée des représentants du peuple (ARP) a décidé de fixer plus tôt que prévu, à la date du lundi 11 septembre 2017, la tenue de la séance plénière consacrée au vote de confiance à la deuxième mouture du gouvernement Youssef Chahed. Manifs et protestations sont attendues au Bardo contre le retour décomplexé de technocrates de Ben Ali au gouvernement.


Dans l’opposition, le Front populaire a aussitôt indiqué qu’il n’accordera pas sa confiance au nouveau gouvernement de Youssef Chahed, remanié mercredi par le chef du gouvernement. Le Front a considéré dans un communiqué rendu public le 7 septembre que le remaniement opéré n’est qu’une redistribution des portefeuilles au sein de la coalition au pouvoir, « qui suit une logique de quotas partisans et la mentalité du butin ».


Le Front populaire a estimé que ce gouvernement vient dans un contexte d’accélération de la mise en œuvre des «mesures douloureuses » imposées par le FMI, soulignant que le nouveau gouvernement n’est pas un «gouvernement de guerre contre la corruption, le chômage et le terrorisme, comme l'a déclaré son chef, mais un gouvernement de guerre contre les intérêts de la majorité des Tunisiens ».


 


Ennahdha se justifie auprès de ses bases


Non sans une certaine langue de bois politicienne, le porte-parole d'Ennahdha Imed Khemiri a déclaré aujourd’hui que son parti, solide allié de Nidaa Tounes, soutient la nouvelle formation ministérielle « dans la mesure où elle a gardé l'aspect du gouvernement d'union nationale ». Un aspect pourtant considéré comme caduc par au moins deux formations politiques anciennement signataires du Pacte de Carthage au fondement de cette notion controversée d’union nationale : Afek Tounes et Machoû Tounes, cosignataires d’un document interpellant le chef du gouvernement à ce sujet.


Le même sens du politiquement correct caractérise le communiqué officiel d’Ennahdha, qui a consolidé sa présence aux ministères économiques, au lendemain du remaniement, que le parti justifie par « le besoin de combler les vacances et conférer plus d'efficience à l'action gouvernementale face aux prochaines échéances nationales importantes, dont la loi des finances 2018, les élections municipales, la rentrée scolaire et universitaire et la nouvelle session parlementaire ».


Mais une partie des bases du parti ne digère pas la pilule du retour d’anciennes « compétences » benalistes au nom de la technocratie, un sentiment partagé par la rue tunisienne, et que Frédéric Bobin décrit aujourd’hui en ces termes dans les colonnes du Monde :


« Au-delà mûrit le danger qu’un déficit d’identification au pouvoir, perçu comme l’immuable propriété d’une caste dirigeante se recomposant par-delà les régimes, nourrisse de périlleux désenchantements. Car rien ne serait pire pour la stabilité de la Tunisie que se renforce l’impression que le printemps de 2011 n’a finalement pas eu lieu ».


Pour combler la vacance au poste de député représentant les Tunisiens en Allemagne, suite à la nomination de Hatem Chahreddine Ferjani au poste de secrétaire d’Etat auprès du ministre des Affaires étrangères chargé de la diplomatie économique, Nidaa Tounes propose, sans complexes, la candidature de nul autre que Hafedh Caïd Essebsi. Si cela se concrétise, le fils du président de la République ferait une entrée remarquée à l’Assemblée des représentants du peuple. Probablement une façon de l’écarter de la direction exécutive du parti, tempèrent certains.


  


S.S