Le nombre de Tunisiens rejoignant le djihad à l’étranger s’élève désormais à plus de 5500
Les Tunisiens partis combattre aux côtés de l’Etat Islamique sont près de deux fois plus nombreux que ce que l’on pensait. C’est ce que nous apprennent des experts de l'ONU vendredi 10 juillet. Ces derniers ont appelé à « endiguer le flux de jeunes Tunisiens ralliant des jihadistes à l'étranger », estimant que leur nombre, notamment en Syrie et en Libye, dépassait les 5.500. Un chiffre qui dépasse les 6000 si l’on comptabilise les retours d’Irak.
Les résultats préliminaires de la visite officielle du Groupe de Travail des Nations Unies sont consultables ici.
Le nombre de combattants étrangers tunisiens est l'un des plus élevés parmi ceux qui voyagent pour rejoindre les conflits à l'étranger tels qu'en Syrie et en Irak, a déclaré dans un communiqué Elzbieta Karska, qui dirige un groupe de travail des Nations unies sur l'utilisation de mercenaires.
Ce groupe a effectué une visite de huit jours en Tunisie au cours de laquelle il a notamment rencontré des représentants des pouvoirs exécutif, législatif et judiciaire et (…) des familles de personnes ayant rejoint des conflits à l'étranger.
Au cours de cette mission, le groupe a été informé de la présence de quelque 4.000 Tunisiens en Syrie, 1.000 à 1.500 en Libye, 200 en Irak, 60 au Mali et 50 au Yémen. Peu d’entre eux sont rentrés. Les 625 qui sont rentrés d'Irak sont actuellement poursuivis en justice, selon le texte.
59 touristes tués en l'espace de trois mois
Le Premier ministre Habib Essid a affirmé dans la nuit de jeudi à vendredi durant une séance plénière à l’Assemblée que 15.000 jeunes Tunisiens avaient été récemment empêchés de rejoindre les zones de conflit.
Un millier de Tunisiens est cependant détenu en marge de diverses enquêtes liées à ce dossier, apprend-on vendredi. 500 jeunes revenus en Tunisie sont par ailleurs « suivis de près » selon la même source.
La majorité des Tunisiens qui rejoignent des groupes extrémistes à l'étranger semblent être jeunes, souvent âgés de 18 à 35 ans, selon les experts. Certains de ces jeunes viennent de milieux socio-économiques défavorables, mais aussi de la classe moyenne et des classes les plus aisées de la société.
Les experts de l'ONU ont appelé le gouvernement à adopter un plan stratégique national (…) pour répondre à la diversité des profils et des méthodes de recrutement et avoir des effets immédiats, à moyen et long termes, tout en veillant à l'équilibre entre les mesures punitives et sociales et en s'assurant de l'adoption des standards internationaux en matière de droits de l'Homme.
Mesures draconiennes mais liberticides
Dans un communiqué toujours vendredi, l'ONG Human Rights Watch (HRW) a jugé que si les autorités tunisiennes avaient de bonnes raisons d'empêcher des citoyens de s'impliquer dans des activités criminelles en Syrie ou ailleurs, empêcher tous les voyages de Tunisiens uniquement en raison de leur âge est une approche dont la vaste portée est « injuste et arbitraire ».
Depuis l'attentat du 26 juin, a dénoncé l'organisation, la police aéroportuaire de Tunis a en effet empêché un nombre croissant de Tunisiens de moins de 35 ans de voyager vers certains pays sans autorisation légale de leur père.
HRW dit avoir rencontré le secrétaire d'Etat à la sûreté nationale Rafik Chelly, qui a confirmé l'ordre donné par le ministère à toutes les polices des frontières, exigeant une autorisation parentale pour permettre à tout citoyen de moins de 35 ans de se rendre en Turquie, au Maroc, en Algérie ou encore en Libye.
Or bloquer des citoyens à l'aéroport, sans ordonnance d'un procureur ou d'un tribunal, est « une pratique arbitraire qui viole le droit tunisien et le droit international ».
S.S avec AFP