Tunisie : Le gouvernement décrète un confinement général de 8 jours

 Tunisie : Le gouvernement décrète un confinement général de 8 jours

Hasna Ben Slimane, porte-parole du gouvernement, a détaillé les mesures du dispositif

Le couperet est tombé. Vendredi à la mi-journée, signe de la gravité de la situation sanitaire, c’est une fois n’est pas coutume le chef du gouvernement Hichem Mechichi lui-même qui a annoncé le nouveau dispositif. Au programme, confinement général et total du 9 au 16 mai, sauf commerces alimentaires de proximité et services de toute première nécessité, soit le dispositif le plus dur depuis le printemps 2020.

Dans une allocution visiblement soignée sur le plan de la com’, Mechichi a fustigé « le manque de coopération d’une majorité de Tunisiens qui n’ont rien changé à leurs habitudes du monde d’avant Covid-19 »  

 

L’annonce a causé des embouteillages monstres qui ont paralysé la capitale : pris de panique, de nombreux Tunisiens se sont rués sur les agences bancaires et les commerces alimentaires, tandis que beaucoup d’étudiants cherchent à regagner leurs villes d’origine avant l’Aïd.

Comme pressenti à l’approche des fêtes de l’Aïd el-fitr, et conformément aux recommandations des membres du Comité scientifique de lutte contre le coronavirus, il s’agit pour les autorités tunisiennes de faire d’une pierre deux coups. Profiter des fêtes de l’Aïd et du prétexte de la limitation des déplacements familiaux pour imposer un confinement difficile à faire avaler à la population en d’autres circonstances.

Extrêmement strict, ce type de confinement reste le seul à même d’aplatir une courbe galopante, quoique de l’avis des experts, deux à trois semaines de confinement constituent un minimum en termes d’efficacité. Pour autant, le pays a-t-il les moyens d’en accompagner les conséquences économiques ? Rien n’est moins sûr.

Concrètement, il s’agira de ramener le couvre-feu de 22h00 actuellement à 19h00, piétons et véhicules, jusqu’à 05h00, d’imposer une interdiction totale de circuler entre les villes sauf exception dont un rendez-vous pour vaccination. Seront bannis également tous types de rassemblements pour événements sportifs ou familiaux. Enfin les mosquées et lieux de culte seront fermés, tout comme les grandes surfaces commerciales, à l’exception des rayons alimentaires de certaines enseignes.

 

Refonte de la communication de crise gouvernementale

Le 2 mai dernier, un épisode relativement passé inaperçu laissait présager d’un changement de ton au niveau de la présidence du gouvernement. Lors d’une visite à la cellule de crise Covid, Hichem Mechichi avait en effet publiquement tancé son ministre de la Santé Faouzi Mahdi, l’un des ministres proches du président Kais Saïed et seul rescapé du dernier remaniement hors Défense et Affaires étrangères. En clair, c’est tout le dossier de la gestion de l’épidémie et de la vaccination qui lui a quasiment été retiré ce jour-là.

Comme pour répondre aux critiques de manque de communication du numéro 1 de l’exécutif sur la situation sanitaire, nous assistions aujourd’hui à la première prise de parole du chef du gouvernement tunisien depuis plusieurs mois au sujet de la gestion du Covid.

Mechichi n’a pas manqué d’y parler politique : « Je suis sidéré de voir que certains en sont encore à vouloir marquer des points politiques de manière totalement irresponsable », allusion explicite aux propos du président de la République Kais Saïed, qui une semaine auparavant se vantait de sa propre bravoure pour ne pas s’être vacciné à ce jour.

Avec cette reprise en main, la Kasbah laisse entendre en réalité que Carthage ferait du moins preuve de passivité notamment dans le dossier de la diplomatie sanitaire, sinon de sabordage à dessein de l’autre versant de l’exécutif.