Le gel des avoirs terroristes à l’étude entre la Tunisie et l’UE

 Le gel des avoirs terroristes à l’étude entre la Tunisie et l’UE

L’ambassadeur Olivier Poivre d’Arvor à la tribune de l’amphithéâtre de l’ENA. Photo AP


"Le gel des avoirs terroristes nécessite un travail de coordination, d'échange d'informations, de renseignement et de transparence", a affirmé aujourd’hui jeudi l'ambassadeur de l'Union Européenne en Tunisie, Patrice Bergamini.


"Cette démarche est essentielle pour parvenir à cibler les groupes et les individus, ainsi que les mouvements bancaires et financiers suspects", a-t-il expliqué lors d'un séminaire à Tunis, sur "le dispositif de gel des biens et des avoirs terroristes", destinés aux experts.


Bergamini a fait savoir que la lutte contre le terrorisme se joue à plusieurs niveaux, notamment, l'anticipation, l'alerte et la neutralisation.


Selon lui, au-delà de la coopération internationale, il y a un combat de terrain à engager à l'échelle locale et régionale. Il s'agit, explique-t-il, de travailler sur la détection en amont des individus et des groupes radicalisés, mais aussi sur la traque et la neutralisation des mouvements financiers suspects. "L'implication des banques et des assurances, entre autres partenaires clés dans cette lutte est primordiale", a-t-il soutenu.


Et l'ambassadeur européen d'ajouter que ce combat suppose, par ailleurs, un maillage territorial, la coopération judiciaire au niveau des magistrats et un travail de coordination interministériel entre les différents services chargés de la lutte contre le terrorisme.


"C'est, en fait, un combat tous azimuts qui va de la prévention jusqu'à la lutte sur le terrain, en passant par la diplomatie et la géopolitique". De son côté, l'ambassadeur de France en Tunis, Olivier Poivre d'Arvor estime que "si le terrorisme a pu se propager dans le monde entier c'est par ce qu'il y a eu d'importants financements qui ont soutenu ses actions".


Aujourd'hui, poursuit-il, la lutte contre le terrorisme passe certainement par les actions sécuritaires, mais également, à travers d'autres mécanismes comme les renseignements et l'échange d'informations qui permettent d'assécher ses sources de financement. Cette rencontre de haut niveau doit permettre de jeter la lumière sur les outils efficaces pour traquer les systèmes de financement destinés au terrorisme", a fait remarquer le diplomate français.




Pour le président de la Commission nationale de lutte contre le terrorisme (CNLCT), Hedi Mekni, ce séminaire constitue une occasion pour réaffirmer l'engagement de la Tunisie dans la lutte globale contre le terrorisme aux côtés de ses partenaires internationaux.

La Tunisie, qui a ratifié l'ensemble des conventions et autres protocoles internationaux relatifs à la lutte contre le terrorisme, s'est dotée d'un arsenal juridique solide en la matière, a-t-il fait observer.


Il a rappelé l'ensemble des textes législatifs promulgués dans le cadre de la stratégie nationale de lutte contre le terrorisme. Le décret gouvernemental n°1 du 4 janvier 2018 est venu étoffer cet arsenal et faciliter la mise en œuvre du dispositif tunisien de gel des avoirs, a encore précisé le président de la CNLCT.


 


Une question sensible


Le séminaire international d'experts sur "le dispositif de gel des biens et des avoirs terroristes", dont les travaux s'étalent sur deux jours à l'Ecole Nationale d'Administration, est organisé conjointement par la CNLCT et l'Ambassade de France à Tunis, avec le soutien de l'Union européenne.




Il s'inscrit dans le cadre des activités de coordination entre la Tunisie et ses partenaires internationaux sous la bannière du G7 élargi et bénéficie d'un soutien financier et logistique du projet CT MENA (contre-terrorisme dans la région du Moyen orient et Afrique du Nord).


Reste à trouver une fine ligne entre ingérence mesurée et coopération sur un sujet d'autant plus  délicat que relevant toujours aussi grandement de la souveraineté de chaque pays.